Six titres de presse, soutenus par Reporters sans Frontières, ont lancé jeudi 8 janvier un appel commun contre la «régression de nos libertés» et les «abus de pouvoir» du président de la République. Mediapart, Le Nouvel Observateur, Marianne, Charlie Hebdo, Rue 89 et Les Inrockuptibles s’inquiètent des menaces qui pèsent sur la liberté de l’information.
Vendredi soir, l’Appel des six a organisé une réunion publique au Théâtre du Chatelet. Plus de 1500 personnes ont répondu présentes pour discuter de la pluralité de la presse. Quelques dessins de Charb and cie et petit extrait du compte-rendu made in l’asso Contrepoint présente sur place.
A la barre, les six représentants se succèdent pour évoquer le climat d’hostilité et de pression actuel dans la presse. « Une double régression, démocratique et sociale » selon Pierre Haski, le rédac chef de Rue 89. Maurice Safran, le chef du service politique de l’hebdomadaire Marianne embraye : « avec les nouvelles règles, le président et ses conseillers pourront truster 80 à 85% du temps d’antenne dans les radios et télés ! ». Son discours est interrompu par des éclats de rire venus des balcons. Un dessin de Charb est apparu sur l’écran géant qui retransmet les débats. « Causez, causez, je les lis pas vos journaux de merde et je vais pas au théâtre » dit un Sarkozy caricaturé par le dessinateur de Charlie Hebdo, invité avec ses confrères Gros et Tignous de Marianne pour animer une soirée plutôt axée sur la détente que le concret.
« La petite sauterie du Châtelet » comme l’a écrit Bakchich sur son site, passablement énervé de ne pas y avoir été convié, n’avait pas d’objectifs clairs et pas de débuts de solutions à proposer mais a permis aux acteurs présents d’oublier un instant leur rivalité et de vider leur sac sur la situation actuelle et le climat moribond qui règne dans le milieu de la presse écrite, au lendemain des Etats généraux de la presse. Malheureusement sans une seule note d’introspection. La révolution ne s’est pas faite au Châtelet hier soir, malgré l’ambiance de mobilisation prégnante après la grève de jeudi.