Elysée 29 janvier 2009: le fauteuil est vide

Publié le 31 janvier 2009 par Letombe

Il y' a eu au bas mot un million de personnes dans la rue jeudi, certains avec une vue plus affûtée en ont trouvé 2.5 millions. Un truisme: la sempiternelle bataille des chiffres ministère versus syndicats n'a pas eu lieu. Cette journée a été une victoire des manifestants sur le président en place, pas besoin d'ergoter à ce sujet. Les syndicats et les Français ont rejeté massivement Nicolas Sarkozy en premier lieu avant de rejeter sa politique. 

Nous avions, il n' a pas si longtemps que ça, un premier ministre qui menait les réformes édictées par le président. Celui-ci, ainsi que les membres de son gouvernement connaissait la règle du jeu implicite de leurs jobs: si les Français étaient mécontents, ils devenaient de bon fusibles afin de garantir la "marche de l'état". De fusibles il n' y a plus, de président non plus.

Nicolas Sarkozy avait un agenda vierge jeudi, certainement pour mieux appréhender la situation. Cette journée a remis les syndicats pleinement dans la partie. Nicolas Sarkozy est certainement mécontent, il fallait s'y attendre; il s'est donc fendu d'un merveilleux billet laconique, entourée d'une photo non moins symbolique:

La crise d’une ampleur sans précédent qui affecte l’économie mondiale provoque en France, comme partout dans le monde, une inquiétude légitime. En cette période particulièrement difficile, nos concitoyens craignent pour leur emploi.

Cette crise impose aux pouvoirs publics un devoir d’écoute, de dialogue, et en même temps une  grande détermination à agir. Dans cet esprit, je rencontrerai durant le mois de février les organisations syndicales et patronales afin de convenir du programme de réformes à conduire en 2009 et des méthodes pour le mener à bien. La France doit sortir plus forte de cette épreuve.

Enfin, je tiens à remercier les agents du service public qui ont eu à cœur de faire fonctionner le service minimum conformément aux lois de la république. Ainsi, la gêne des usagers et des familles s’en est trouvée limitée.


Sarkozy jette le bébé avec l'eau du bain, dans le premier paragraphe, sous prétexte d'une crise mondiale bien réelle. Il annonce ensuite vouloir rencontrer en Février les organisations patronales et syndicales. Ma vue étant pourtant correcte je n'ai pas vu l'UIMM ou le Medef manifester - alors pour quelles raisons, au juste, les rencontrer ?. L'empressement légendaire de notre président semble s'être soudainement érodé, ainsi il n'y a pas de date précise sur laquelle les syndicats auraient pu rebondir. Le calme plat. Le troisième couplet concerne les "salutations distinguées".

Bref, ce billet présidentiel est assez léger au regard de ce billet-ci et surtout vis-à-vis des 2 millions de Français qui se sont déplacés dans la rue. 11 phrases pour apaiser le peuple: le sujet est escamoté et la réponse potentielle du gouvernement d'ors et déjà en deça des attentes.

La manoeuvre est claire, le président compte sur une mobilisation qui fera pschitt dans le temps, et sur ce point, je pense qu'il se trompe. Il laisse donc venir. Bernard Thibault , requinqué et remis en selle par ce 29 janvier bat le fer tant qu'il est chaud: "Il y a nécessité de réévaluer les sujets considérés comme prioritaires par le président de la République" et plus loin:" mais s'il s'agit, comme je crains de le comprendre, de discuter de l'agenda des réformes que le président de la République a dans ses tiroirs, nous serons très largement en décalage".

Nicolas Sarkozy, à la vérité, ne sait pas quoi faire. il doit faire préparer quelques enveloppes pour distribuer aux ministères concernés pensant s'en tirer comme cela. L'économie et le dialogue ne sont pas sa tasse de Thé. Je pense qu'il va faire un mauvais diagnostic de cette journée du 29 janvier et prendre ce mouvement syndical pour ce qu'il n'est pas.

A savoir: un atavisme des Français, qui s'en remettraient à l'état les bras ballants, en déconnexion totale avec l'économie mondiale. Cet anachronisme a sans doute été, mais il n'est plus majoritaire aujourd'hui, la mondialisation est passée par là.

je pense donc que les syndicats vont rencontrer le président; mais de Grenelle, il n'y aura point. Il faut donc rester mobilisé jusqu'à ces rencontres afin de "castrer" toute velléités naturelles de ce président à éviter le sujet social.

Plusieurs couches, comme le 29 janvier, seront nécessaires pour aboutir à une présidence remise à sa place. Alors ouvrons l'oeil..et le bon.

L'agenda ainsi que le fauteuil du président sur le communiqué de presse étaient désespérément vides ce 29 janvier.

Par Christophe

dans peuples net