Si désormais lors de chaque manifestation, le Préfet et Directeur
départemental de la police doivent être mutés, par les temps qui courent, la valse des fonctionnaires risquent de s’accélérer. Il est vrai que jeudi, contrairement à Saint-Lô, Nicolas Sarkozy n’a
pas recherché le contact humain. Heureuse initiative pour les représentants de l’Etat et de la force publique ainsi préservés de l’ire présidentielle. Mobilisation ne rime pas toujours avec
mutation !
Même Jean-François Legrand, Président du Conseil général de la Manche et Sénateur (UMP) trouve la pratique scandaleuse et, pour tout dire « d’un autre temps ». Heureusement, ces pressions
exercées au plus haut niveau ne font pas reculer la rue. Entre colère et revendications, avec environ 2,5 millions de manifestants, la journée nationale de mobilisation équivaut à celle d’il y a
trois ans contre le CPE, de 2003 sur les retraites et même de 1995 contre le plan Juppé. Avec même, dans certaines villes, des records d’affluence battus.
Au-delà de la guerre des chiffres aussi puérile que traditionnelle, les quelque 195 cortèges traduisent, à la fois, une inquiétude grandissante renforcée par le quotidien et une opposition à la
politique gouvernementale. Sans nier, ni mésestimer la crise, une majorité de Français doute chaque jour d’avantage de la pertinence des mesures annoncées. Pire, puisque les plans successifs
profitent d’abord aux banques et aux multinationales, ils sont nombreux à se sentir exclus. Bien loin en tout cas en ce qui les concerne du « travailler plus pour gagner plus ».
La journée d’action lancée à l’initiative des syndicats fait également mentir Nicolas Sarkozy quand au milieu de ses troupes, il s’autocongratulait : « Aujourd’hui précisait-il, quand il y a une
grève, plus personne ne la remarque ! ». A moins d’être sourd et aveugle, difficile cette fois d’ignorer la rue autant que les motivations profondes.
Et, le Président de la République aura beau s’en prendre à tous les Préfets et Directeurs départementaux de la police, rien n’y changera. Sa responsabilité – là comme ailleurs – est engagée.
Par Jean-Jacques THOMAS,
Premier Secrétaire Fédéral de l’Aisne du Parti Socialiste.