Plan, contre-plan et manifestants

Publié le 30 janvier 2009 par Nicolas007bis



Que de monde, que de monde dans les manifestations de Jeudi !!!!!

Comment peut-on expliquer l‘ampleur de la mobilisation ?

Le très populaire (69 % des français l’approuverait) contre-plan de relance du PS constitue probablement une des explications !

A ceux qui se demandaient à quoi pouvait servir un tel plan, si tardif et proposé par des personnes qui de toute façon n’auront ni la responsabilité ni la possibilité de le mettre en œuvre, la réponse est simple :

Le caractère exceptionnel de la crise, en en rendant complexe à la fois son appréhension, les diagnostiques et en corolaire la définition des solutions à lui apporter, a rendu difficile la critique du plan Sarkozy.

Pourtant beaucoup, intuitivement sentaient bien qu’il y avait là matière à contestation. Un plan qui s’appuie essentiellement sur la relance par l’investissement et qui ne dit rien du sacro-saint pouvoir d’achat est par essence suspect. Un plan qui n’a pas comme effet immédiat une amélioration substantielle de la situation des français n’est pas un bon plan !

Malgré tout, dans le doute, la critique, puisqu’il en fallait une, s’est pour l’essentiel cantonnée à le déclarer insuffisant et à en prédire d’ores et déjà un second volet.

En proposant une alternative fondamentalement différente au plan de relance Sarkozy, basée sur une relance de la consommation, le PS a, d’une certaine manière, désinhibé tous ceux qui sentaient bien qu’une solution ne consistant pas à distribuer directement du « pouvoir d’achat » ne pouvait pas être une bonne solution.

Je ne reprendrai pas en détail l’argumentaire expliquant en quoi le plan du PS, aussi séduisant puisse t’il paraitre, n’est qu’un couteux cataplasme sur une jambe de bois, beaucoup l’ont déjà fait (voir par exemple). Je me contenterai de rappeler quelques règles simples de la macro-économie :

Sans croissance, c'est-à-dire sans augmentation du PIB (qui signifie Production intérieure) donc sans augmentation de la richesse nationale, il est impossible d’accroitre le pouvoir d’achat !

Certes on peut prendre ici pour donner là !

Prendre un peu plus à certain ménages pour donner un peu plus à d’autres au nom de la solidarité nationale, ou encore prendre aux entreprises pour donner aux ménages mais globalement on n’a pas créé un iota de richesse en plus ! Dans le deuxième cas, on a même hypothéqué un peu plus nos chances de croissance future en pesant sur la compétitivité des entreprises.

Face à une crise comme celle à laquelle nous sommes confrontés, la question posée par le plan et le contre-plan est la suivante : Vaut-il mieux que l’Etat augmente son niveau d’endettement déjà fort conséquent pour distribuer du pouvoir d’achat aux ménages qui sera consommé immédiatement pour moitié au profit d’entreprises étrangères ou faut-il aider les entreprises à faire face à la crise en les aidant à financer leurs investissements, en favorisant ainsi leur productivité et au final la richesse produite et donc le pouvoir d’achat de demain ?

Préfères-t-on distribuer des fonds que notre système productif n’a pas la capacité d’utiliser, de recycler, avec en conséquence une « déperdition » importante ou préfères t-on lui donner les moyens de se renforcer pour générer de la croissance ?

Ces questions semblent pertinentes et même si tout le monde ne les posera pas de la même manière, il y a là matière à débat. D’autant plus que la crise mondiale vaut bien une réflexion commune et poussée.

Or, si le PS se contentait de proposer une alternative au plan Sarkozy basée sur une vision de l’économie différente (et à mon sens erronée) il pourrait y avoir débat, mais il ne peut s’empêcher d’y ajouter un argumentaire politique voire idéologique (cf. les propos de Benoit Hamon sur France24) qui contribue, comme d’habitude, à transformer en choix politique ce qui ne devrait-être qu’un choix économique et évidemment à provoquer des tensions voire des affrontements là ou il devrait y avoir débat.

« La vérité, c’est qu’aujourd’hui on crée du déficit pour remettre le système financier sur pied, mais pas pour répondre à la crise sociale et à la crise économique. La crise financière préoccupe le président de la République, ainsi que le sort de ses amis du Fouquet's. Le reste, cela l’intéresse manifestement beaucoup moins. » (Benoit Hamon)

Du coup la réaction ne peut-être que la suivante : « On n’était pas franchement emballés par le plan de Sarkozy mais comme il était présenté, on avait l’impression que c’était la seule solution possible…mais en fait non, il y en avait bien une autre, et Sarkozy et son gouvernement ont délibérément choisis de nous laisser dans la merde, nous petits gens, tout en distribuant des milliards aux banques et aux entreprises ! »

En conséquence, comment s’étonner que beaucoup préfèrent la manifestation à la discussion, le slogan à la réflexion !...et même si c’est une pratique française depuis des décennies, on aurait pu penser qu’à situation exceptionnelle, comportements exceptionnels….eh bien non !

Voilà qui justifie bien une saine colère et une forte, pédestre et véhémente mobilisation.