Que de monde, que de monde dans les manifestations de Jeudi !!!!!
Comment peut-on expliquer l‘ampleur de la mobilisation ?
Le très populaire (69 % des français l’approuverait) contre-plan de relance
du PS constitue probablement une des explications !
A ceux qui se demandaient à quoi pouvait servir un tel plan, si tardif et
proposé par des personnes qui de toute façon n’auront ni la responsabilité ni
la possibilité de le mettre en œuvre, la réponse est simple :
Le caractère exceptionnel de la crise, en en rendant complexe à la fois son
appréhension, les diagnostiques et en corolaire la définition des solutions à
lui apporter, a rendu difficile la critique du plan Sarkozy.
Pourtant beaucoup, intuitivement sentaient bien qu’il y avait là matière à
contestation. Un plan qui s’appuie essentiellement sur la relance par
l’investissement et qui ne dit rien du sacro-saint pouvoir d’achat est par
essence suspect. Un plan qui n’a pas comme effet immédiat une amélioration
substantielle de la situation des français n’est pas un bon
plan !
Malgré tout, dans le doute, la critique, puisqu’il en fallait une, s’est
pour l’essentiel cantonnée à le déclarer insuffisant et à en prédire d’ores et
déjà un second volet.
En proposant une alternative fondamentalement différente au plan de relance
Sarkozy, basée sur une relance de la consommation, le PS a, d’une certaine
manière, désinhibé tous ceux qui sentaient bien qu’une solution ne consistant
pas à distribuer directement du « pouvoir d’achat » ne pouvait pas
être une bonne solution.
Je ne reprendrai pas en détail l’argumentaire expliquant en quoi le plan du
PS, aussi séduisant puisse t’il paraitre, n’est qu’un couteux cataplasme sur
une jambe de bois, beaucoup l’ont déjà fait (voir
par exemple). Je me contenterai de rappeler quelques règles simples de la
macro-économie :
Sans croissance, c'est-à-dire sans augmentation du PIB (qui signifie
Production intérieure) donc sans augmentation de la richesse nationale, il est
impossible d’accroitre le pouvoir d’achat !
Certes on peut prendre ici pour donner là !
Prendre un peu plus à certain ménages pour donner un peu plus à d’autres au
nom de la solidarité nationale, ou encore prendre aux entreprises pour donner
aux ménages mais globalement on n’a pas créé un iota de richesse en plus !
Dans le deuxième cas, on a même hypothéqué un peu plus nos chances de
croissance future en pesant sur la compétitivité des entreprises.
Face à une crise comme celle à laquelle nous sommes confrontés, la question
posée par le plan et le contre-plan est la suivante : Vaut-il mieux que
l’Etat augmente son niveau d’endettement déjà fort conséquent pour distribuer
du pouvoir d’achat aux ménages qui sera consommé immédiatement pour moitié au
profit d’entreprises étrangères ou faut-il aider les entreprises à faire face à
la crise en les aidant à financer leurs investissements, en favorisant ainsi
leur productivité et au final la richesse produite et donc le pouvoir d’achat
de demain ?
Préfères-t-on distribuer des fonds que notre système productif n’a pas la
capacité d’utiliser, de recycler, avec en conséquence une
« déperdition » importante ou préfères t-on lui donner les moyens de
se renforcer pour générer de la croissance ?
Ces questions semblent pertinentes et même si tout le monde ne les posera
pas de la même manière, il y a là matière à débat. D’autant plus que la crise
mondiale vaut bien une réflexion commune et poussée.
Or, si le PS se contentait de proposer une alternative au plan Sarkozy basée
sur une vision de l’économie différente (et à mon sens erronée) il pourrait y
avoir débat, mais il ne peut s’empêcher d’y ajouter un argumentaire politique
voire idéologique (cf. les propos de Benoit Hamon sur France24) qui contribue,
comme d’habitude, à transformer en choix politique ce qui ne devrait-être qu’un
choix économique et évidemment à provoquer des tensions voire des affrontements
là ou il devrait y avoir débat.
« La vérité, c’est qu’aujourd’hui on crée du déficit pour remettre le
système financier sur pied, mais pas pour répondre à la crise sociale et à la
crise économique. La crise financière préoccupe le président de la République,
ainsi que le sort de ses amis du Fouquet's. Le reste, cela l’intéresse
manifestement beaucoup moins. » (Benoit Hamon)
Du coup la réaction ne peut-être que la suivante : « On n’était
pas franchement emballés par le plan de Sarkozy mais comme il était présenté,
on avait l’impression que c’était la seule solution possible…mais en fait non,
il y en avait bien une autre, et Sarkozy et son gouvernement ont délibérément
choisis de nous laisser dans la merde, nous petits gens, tout en distribuant
des milliards aux banques et aux entreprises ! »
En conséquence, comment s’étonner que beaucoup préfèrent la manifestation à
la discussion, le slogan à la réflexion !...et même si c’est une pratique
française depuis des décennies, on aurait pu penser qu’à situation
exceptionnelle, comportements exceptionnels….eh bien non !
Voilà qui justifie bien une saine colère et une forte, pédestre et véhémente
mobilisation.