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Le billet du 11000ème commentaire : Le fantôme de l'opéra

Par Mamancelib
Notre amie Lili a posté ici le 11 000 ème commentaire de ce blog...
Donc, elle a joué le jeu et m'a imposé les mots :
strapontin, mayonnaise, onirisme, cantatrice, minellis, dé à coudre
et le titre du billet : le fantôme de l'opéra...

Bon, ben... Yapluka...
Le billet du 11000ème commentaire : Le fantôme de l'opéraVus les éclats de voix que je donne en ce moment dans la classe où je suis prof principale, je crois que je vais finir en chanteuse lyrique... ou en cantatrice chauve, au choix. Je pense qu'en venant en heure de vie de classe, les élèves doivent se dire qu'ils viennent à l'opéra et qu'ils vont entendre ma douce et mélodieuse voix pendant une heure. A ce rythme-là, je vais bientôt leur donner des places numérotées et en faire asseoir certains sur des strapontins éjectables. Parce que là, franchement, ils commencent vraiment à me fatiguer...

Premier acte : bien droite dans mes minellis, je leur fais un rappel des faits. On vient au collège pour travailler. Oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, le collège n'est pas un salon de thé où on vient discuter ou faire la fête ou faire la promotion de son blog. Oui, quand on est en classe, on se tait et on  exorcise ses pulsions de bavardage en participant au cours. A la maison, on apprend ses leçons et on fait ses devoirs. C'est quand même fou qu'arrivés au collège, ils n'aient pas encore compris les tenants et les aboutissants des enseignements qui leur sont dispensés. On a parfaitement compris que la mayonnaise avait bien pris entre eux, qu'ils s'entendaient bien; nous en sommes ravis pour leur vie sociale mais on s'en contrefiche. Ce qui nous intéresse, nous, les enseignants, c'est leur vie de collégien...

Deuxième acte : on rentre dans le vif du sujet, on hausse la voix. Je me prends pour une soprano. Non, on ne doit pas jeter des boules puantes dans les couloirs ni dans les cours. Non, on ne doit pas essayer de changer la couleur des vêtements du prof en y jetant de l'encre. Non, on n'essaie pas d'imiter la signature de papa ou de maman pour justifier une absence. Non, on n'inverse pas les prénoms pour accueillir la toute jeune prof remplaçante. Non, on ne doit pas être systématiquement en retard en cours : 10 minutes pour aller de la salle A à la salle B qui sont côte à côte, on ne croira pas qu'ils se sont faits attaquer par des renards. Non, non et non... Non. Et re-non. Faites entrer les choeurs pour donner de la voix !

Troisième acte : Là, c'est une voix de baryton que je prends pour amorcer ma phase de culpabilisation. Ah, c'est bien beau de vivre dans un monde où ce qui est important, c'est le mouvement qu'on doit donner à sa frange, ou les histoires de "je t'aime trop, for the life" ou les dernières fringues qu'il est vital de porter, mais ça, ça n'aide pas à construire un avenir. C'est de l'onirisme ! Il faudrait voir à très vite revenir dans la réalité...

Quatrième et dernier acte : je leur explique que je vais être pire que leur ombre, que je vais me tenir au courant de qui a bougé une oreille en cours de truc, de qui s'est curé le nez en plein contrôle. Je vais les hanter. Je vais les suivre à la trace. Puisqu'ils ont décidé d'être des boulets, je vais être pire qu'un fantôme; mais pas Casper le petit fantôme, faut pas rêver ! Je me permets une belle envolée lyrique pour être sûre qu'ils ont bien compris le message...

Quand je termine mon simili opéra, j'ai le secret espoir que mon laïus de professeur principale provoquera une tempête dans le dé à coudre qui leur sert de tête... Mais, en même temps, je reste lucide... J'ai essayé pas mal de choses pour qu'ils comprennent qu'ils prenaient un mauvais chemin :  leur parler comme à des pré-adultes, calmement, sanctionner à tout va, rencontrer les parents, marcher sur les mains (ah non, ça, je n'ai pas essayé)... Là, je suis un peu à court d'arguments...

Alors, oui, j'en suis à les menacer de devenir l'ombre de leur ombre, le fantôme de leurs cours et de leur imposer des heures d'opéra avec moi encore plus régulières... mais je me me demande si, en fait, ils n'aiment pas ça...

De toute façon, il faut que je me fasse une raison : j'ai un aimant à classe de vainqueurs... Je les attire. Si vous êtes dans établissement scolaire et que vous avez besoin d'un prof principal pour une classe de vainqueurs, composez vite le numéro de "SOS MC classe de vainqueurs" et hop, j'apparais, avec un opéra en fond sonore, voire de Carmina Burana pour les cas les plus graves ! Déjà, l'année passée, j'avais une classe hors catégorie avec, entre autres, Elevequifoutrienetquipersiste (on me dit dans l'oreillette qu'il n'a pas changé d'un iota, pour ceux qui voulaient des nouvelles).  Mais, cette année, je crois qu'il y a de la concurrence sérieuse dans l'air : là, ils battent des records...

Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais j'ai des cours de chant à aller prendre, moi...


Merci Lili !

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