A la mémoire de ma grand-mère maternelle.
La poupée somnambule
est morte dans le noir.
La poupée funambule
est à flanc de mémoire.
Elle a nagé
jusqu’à
l’épuisement contre
les courants nauséeux
elle a nagé jusqu’à
retourner
son écaille
elle a usé dans ce
combat rebrousse-poils
toute force donnée
ainsi que les saumons
encornant les torrents,
la boucle fut bouclée
son voyage si long
la ramena au point
de départ, de retour
au point de non-retour
elle a lutté dans ce
brassage de courants
pour s’auto-féconder
renaître
à elle-même !
Elle a erré, migré
bien plus que de raison
et les paquets de mer
planétaires, immenses arcs
l’ont drossée, l’ont posée,
l’ont déposée
partout.
La poupée funambule
est à flanc de miroir
elle est divisée en
deux telle un fruit ouvert
par l’Histoire
ce coup de machette brutal
qui s’abat et qui fend, sans demander son reste.
Sa main noire tâtonne et tremble en se tendant
vers sa main marquée par le sceau de la clarté.
Le spectre couleur de pluie qui s’est inséré
dans sa cavité ventrale
ne bouge pas.
Il continue de toussoter ses fins sanglots,
ses humbles larmes à la teinte de clair-obscur.
La poupée somnambule ne s’appartient pas,
elle n’est, en fait, qu’un simple balbutiement ;
quelque chose est coincé dans son bulbe intérieur,
un kyste, un nœud de douleur
qui hurle :
« justice ! »
Terminé le 14/10/2005.
Patricia Laranco