Le budget fédéral est une invitation au gaspillage de fonds publics. La table est mise pour tous les magouilleurs qui veulent profiter de l'argent facile des gouvernements :
- Quarante milliards c'est beaucoup d'argent : 1 million d'Audi A4, 200 000 maisons de 200 000 $, etc. Quand il y a beaucoup d'argent, le laxisme devient un mode d'opération.
- Tous sont d'accord qu'il faut faire vite. Donc, il ne faut pas poser trop de questions. La porte est grande ouverte pour les projets fantômes, les prix exagérés, les dépassements de coût, etc.
- L'objectif premier de ces plans de relance est d'obtenir le maximum de retombés électoralistes. Donc, les critères de décision seront assujettis aux priorités des politiciens. Dans ce contexte, la rentabilité, l'efficacité et l'utilité des projets sont des critères de décision qui doivent être rejetés du revers de la main.
Dans un futur rapproché les partis d'opposition et les médias feront leur choux gras des scandales et réclameront des enquêtes publiques pour punir les fautifs. Les spectacles de politique-réalité feront oublier aux contribuables que ce sont eux les dindes de la farce.
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S'endetter pour s'enrichir?
Nathalie Elgrably-Lévy, Économiste sénior, Institut Économique de Montréal
Trois nouvelles, mais un objectif commun : relancer l'économie en privilégiant un endettement de l'État, en incitant à la consommation et au crédit, et en décourageant l'épargne. Une question s'impose alors : que devrait faire une famille fortement endettée qui voit sa situation financière se détériorer parce qu'un membre a perdu son emploi? Devrait-elle (a) couper ses dépenses, épargner et rembourser sa dette sans la mesure du possible? ou (b) augmenter ses dépenses, contracter un emprunt bancaire et maximiser le solde de sa carte de crédit?
Si vous avez répondu (a), c'est que vous faite preuve de gros bons sens. Vous avez compris l'origine du problème, et vous tentez de le corriger en modifiant vos comportements. Si vous avez répondu (b), c'est que vous travaillez pour une Banque centrale, ou que vous faites de la politique!
Depuis plusieurs semaines, on entend qu'il faudrait consommer plus et épargner moins pour sortir de la crise. Or, cette recommandation n'aurait été logique que si les troubles actuels étaient causés par une épargne excessive et une consommation insuffisante. Or, c'est tout le contraire!
Le taux d'épargne est pratiquement nul, tandis que le taux d'endettement des Canadiens frise 150% de leur revenu. Nous vivons au -dessus de nos moyens, le nombre de faillites personnelles et de prêts hypothécaires en souffrance a enregistré une hausse inquiétante, et l'endettement des gouvernements constitue un réel fardeau. Malgré tout, personne ne souligne l'urgence de se refaire une santé financière. Nous sommes individuellement et collectivement fauchés, et on veut nous inciter à emprunter. S'endetter pour s'enrichir, c'est aussi absurde que d'encourager un obèse à manger pour perdre du poids.
Et puis, si le fait de s'endetter permet de stimuler l'économie, pourquoi l'Afrique sub-saharienne est-elle plus pauvre que jamais malgré un endettement colossal? Et pourquoi a-t-on longtemps revendiqué l'annulation de sa dette pour lui permettre de sortir de la misère? Faut-il comprendre qu'une dette est bénéfique dans le cas canadien, mais néfaste s'il s'agit de l'Afrique?
En dépit des conséquences liées à l'endettement, on entend partout qu'il faut des mesures semblables à celles adoptées par Roosevelt dans le cadre du New Deal. À cet égard, voici ce que Henry Morgenthau, secrétaire au Trésor sous Roosevelt, déclarait en mai 1939 lors d'une allocution à Washington (traduction libre): "Nous avons essayé (de relancer l'économie) en dépensant de l'argent. Nous dépensons plus que jamais, mais ça ne fonctionne pas! Après sept ans de cette administration, le taux de chômage est toujours aussi élevé qu'au départ ... avec en plus une énorme dette à rembourser."
Si dépenser et s'endetter n'a rien donné dans les années 1930, pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui? Nous aurions intérêt à apprendre des erreurs du passé. Or, nous nous apprêtons à les répéter. Et quand nous constaterons l'échec des plans de relance, nos bien-pensants argueront que nous n'avons pas dépensé suffisamment, qu'il faudrait en faire plus. Quand comprendrons-nous que ce n'est pas l'ampleur des plans de relance qui pose problème, mais la nature même de ces plans?