Suite à la pagaille déclenchée par le rail cassé du RER A mercredi 28 janvier, 20 minutes a interrogé Jean-Paul Huchon, PS, président de la Région Ile-de-France et à ce titre président du STIF, et Roger Karoutchi, UMP, candidat potentiel à la présidence de la région Ile-de-France et potentiel président du STIF. Ces courtes interviews ne manquent pas de sel.
Jean-Paul Huchon sans surprise, et à juste titre, dénonce le manque d’investissements de l’Etat dans les transports en commun de banlieue depuis 20 ans, rappelle son engagement (tardif s’il en est) à hauteur de 12 milliards d’euros pour son plan d’urgence de 18 milliards : « après un travail constructif avec Jean-Louis Borloo pendant plusieurs mois, cela fait des semaines que je n’ai plus de nouvelles du Gouvernement » Mais surtout après avoir parlé matériel, 20 minutes finit par lui faire aborder la question des infrastructures et Jean-Paul Huchon lâche sa troisième priorité pour les transports en commun d’Ile-de-France, après le matériel roulant et après les travaux sur les RER B, D et A, « construire une ou des rocades pour désengorger la capitale, et offrir des transports de banlieue à banlieue ». Et c’est le « une ou des » qu’il convient de souligner, car jusque là c’était une, et une seule et encore a-t-il eu du mal à l’avaler ;-)
De son côté, Roger Karoutchi semble avoir la mémoire courte ou sélective, dans sa posture pré-électoraliste. Lorsque 20 minutes lui demande si tout cela n’est pas la faute de la région, il répond. « Depuis quinze ans les ministres des Transports, de droite comme de gauche, ont pensé que c’était plus urgent de faire du TGV que d’investir dans le réseau francilien. Aujourd’hui tout le monde est d’accord sur ce qu’il faut faire, notamment sur les rocades de banlieue à banlieue, mais au moment de faire le choix définitif du tracé, ce n’est plus la même chose. » Question choix définitif du tracé, on avance visiblement puisque Jean-Paul Huchon semble admettre qu’il pourrait y avoir « une ou des rocades », et donc une en proche couronne (version Métrophérique de la RATP) et une en grande couronne (version Tangentielles de la SNCF). Quant à l’arbitrage TGV contre trains de banlieue, quel dommage de ne pas avoir entendu le ministre Roger Karoutchi faire remarquer il y a quelques jours que dans le plan de relance du Président de la République Nicolas Sarkozy, il y avait des lignes de TGV, mais pas de lignes de banlieue ;-)
Plus sérieusement, ce rail cassé, au-delà de la pagaille d’un jour, met sous le projecteur la question non plus des matériels roulants, non plus des projets à venir, mais des infrastructures du réseau aujourd’hui, caténaires mais aussi rails, sur leur usure, leur entretien, leur rénovation,etc. Entre urgences et prospective, voilà un nouveau sujet de réflexion pour experts, décideurs, politiques, etc…
à suivre…
Jean-Paul Chapon