Toutes les vertus dont le Suédois est paré sont là : sa griffe racée de mélodiste, ses mixtures instrumentales idéalement dosées, son grain vocal unique, sa manière très personnelle de pétrir ensemble l’écriture et le son. Mais la dynamique dans laquelle elles se révèlent est différente : car il y a tout simplement davantage de souffle et de courants d’air dans la musique de Peter von Poehl, moins calfeutrée que par le passé.
Tout l’album est ainsi traversé de vibrations nouvelles, qui donnent un surcroît d’intensité à des chansons conçues une fois de plus en artisan. Comme Going To Where The Tea Trees Are, la majeure partie de May Day a été confectionnée en plein cœur de la campagne suédoise, dans le merveilleux atelier de Christoffer Lundquist ami et collaborateur depuis de nombreuses années, une nouvelle fois crédité comme co-réalisateur. Les arrangements de May Day regorgent de trouvailles qu’on devine spontanées, surgies fortuitement au fil des sessions. Le groove tendu de Carrier Pigeon, l’irrésistible tourbillon pop de Moonshot Falls, l’épure rugueuse de Dust in Heaven et Near the End of the World ou les savants feuilletages instrumentaux du terrassant Elisabeth participent d’un même plaisir de la découverte et d’un même goût du jeu, qui s’étendent à tous les compartiments d’un songwriting hors catégorie, réfractaire à toute figure de style gratuite.
Des arrangements au chant, des rythmes aux textes, tout est mis au profit d’une musicalité qu’aucun gimmick ne vient mettre en défaut.
Même lorsqu’il investit un domaine plus familier, comme dans ces sublimes ballades douces-amères que sont Forgotten Garden, Mexico, May Day ou Silent as Gold, Peter von Poehl apparaît animé d’une force nouvelle, perceptible notamment dans son chant, plus déployé et affirmé qu’auparavant. Une confiance gagnée lors des nombreuses expériences scéniques qui ont émaillé sa vie depuis trois ans. "J’ai donné beaucoup de concerts en solo, notamment en Grande-Bretagne, où il n’est pas toujours facile de se faire entendre... Du coup, j’ai sans doute mis davantage d’intensité dans mes nouvelles chansons. J’avais envie de sentir qu’il y avait quelqu’un à l’autre bout, quelqu’un qui écoutait. Ça n’était pas du tout mon souci à l’époque de mon premier disque."
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