Un peu d'histoire...
Prince of Persia est une série de jeux d'action-plateforme dont le premier épisode est sorti en 1989 sur Apple II, ça ne nous rajeunit pas. A l'origine programmé par une seule personne, ce jeu fut un succès international si bien qu'il vendit près de 2 millions d'exemplaires, quelquechose de véritablement impensable à l'époque où les ordinateurs étaient encore bien rare dans les foyers.
Depuis, la série n'a cessé d'évoluer, allant de la Gameboy à la MegaDrive sans oublier les différentes versions d'ordinateurs. Sur tous ces supports, le même concept est décliné : le joueur contrôle un personnage vu de profil qui peut sauter, se baisser, glisser et se battre, et doit aller sauver une princesse enfermée dans un donjon, le tout dans une ambiance arabisante.
En 2001, Ubisoft rachète la licence et lance la trilogie des Sables du Temps, trois épisodes qui rencontreront un grand succès et qui se caractériseront par la capacité du Prince à revenir dans le temps en cas de problème. Le retour en force de la licence organisé par Ubisoft se terminera avec la sortie de Prince of Persia : Les Deux Trônes qui marque la fin de la trilogie. C'est quelques années plus tard qu'Ubisoft tente de récidiver et lance ce qui sera à l'avenir une nouvelle trilogie avec ce nouvel épisode sur PC, Xbox360 et Playstation 3 très sobrement baptisé : Prince of Persia.
Il était une fois...
Ce nouvel épisode de Prince of Persia met un point d'honneur à se raconter une véritable histoire aux joueurs. Lorsque vous prenez les commandes donc, vous contrôlez un vagabond dont vous ne connaissez pas le nom et qui est à la recherche de Farrah, son âne, perdu dans une tempête de sable. C'est là que vous rencontre Elrika, étrange princesse aux pouvoirs magiques poursuivie par les gardes de son père. L'histoire paraît relativement simple à ce niveau, mais tout part rapidement en vrille : le père d'Elrika, Roi de son domaine, a fait un pacte avec Ahriman, le Dieu des Ténèbres. Libéré de l'influence de l'Arbre de Lumière qui le maintenait enfermé, celui-ci a répandu les Ténèbres sur tout le royaume et ce sera à vous et Elrika de faire revenir la lumière...
Si la trame scénaristique de Prince of Persia est relativement classique, elle n'en reste pas moins un élément central du jeu, et vous découvrirez petit à petit plus d'informations sur le lieu où vous êtes, sur vous-même ainsi que sur la Princesse, en discutant simplement avec elle de temps en temps. Bien que le fil conducteur ne fasse pas sortir le jeu du lot, les développeurs ont su créer des personnages attachants qui viennent à compter pour le joueur, dotés de leur caractère bien déterminé, et que l'on sera ravi de retrouver dans les épisodes suivants...
Tempête de Cell-Shading...
Prince of Persia entend donc nous raconter une belle histoire, et il le fait également grâce à sa patte graphique originale et efficace. Développé sur la base du même moteur qu'Assassin's Creed, le jeu utilise un cell-shading coloré qui, sans donner l'impression d'être dans un dessin animé, évoque plutôt les illustrations d'un livre de conte.
Les animations utilisées pour les différentes acrobaties du Prince et d'Elrika sont magnifiques et ne souffrent pas d'un seul ralentissement, malgré quelques bugs graphiques rencontrés ici et là. Du menu aux combats contre les boss, Ubisoft Montreal nous emporte ici dans une légende qu'on nous dirait contée, nous laissant flotter dans le courant de l'histoire sans trop agir grâce à un graphisme envoûteur, à une musique discrète et efficace, et un un scénario simple mais bien mené.
Gameplay pour assistés ?
On se laisse flotter oui, et c'est bien ça le problème. Car si l'univers de Prince of Persia est enchanteur par son extérieur, son gameplay déséquilibré laisse à désirer. Différents types de mouvements sont ainsi disponibles, et vous pourrez sauter, vous accrocher aux poutres, courir sur les murs, et même effectuer un double saut grâce à Elika qui se téléporte en plein vol pour vous aider. Les pouvoirs de la Princesse sont d'une grande utilité, mais peut-être trop. En effet, Prince of Persia est un jeu dans lequel vous ne pouvez pas mourir : tombez dans le vide et Elika se téléportera pour vous reposer au dernier point stable, faites vous embrochez par un ennemi et elle vous sauvera la mise, noyez vous dans la corruption et elle vous tirera par la main pour vous mettre en sécurité.
Faire une erreur entraînera juste une certaine perte de temps, et rien de plus. Cette adaptation du jeu au plus grand public est l'un des postulats de base du jeu, et pourrait être tout à fait justifiable car elle permet une plus grande prise de risque, une plus grande fluidité, et des acrobaties plus impressionnantes, mais elle réduit également considérablement la durée de vie du jeu ainsi que son intérêt en effaçant presque toute la difficulté.
Et ça continue encore et encore...
Afin de contrer l'invasion des ténèbres et de la Corruption, vous devrez ainsi purifier les "Terres Fertiles" qui sont réparties en divers points sur quatre zones de terrain. Pour ce faire, il faudra accéder à la Terre Fertile et y combattre l'un des lieutenants d'Ahriman qui s'enfuira une fois le combat terminé, vous laissant effectuer la purification à votre aise. Une fois toutes les Terres Fertiles purifiées, vous pourrez aller traquer le lieutenant jusque dans son Antre et le vaincre définitivement. Répétez cette démarche sur les quatre zones et vous pourrez enfin aller renvoyer le Dieu des Ténèbres d'où il vient.
Est-ce si simple ? Pas vraiment. Une difficulté s'ajoute au jeu : une fois la Terre Fertile purifiée, il vous faut ramasser les boules de lumières qui y sont apparues afin de débloquer de nouveaux pouvoirs pour Elika. Ces pouvoirs vous permettront d'atteindre des zones autrement inaccessibles et, bien que jolis, n'ont pas un intérêt énorme dans le gameplay.
Ah oui, finalement, c'était si simple. Prince of Persia répète l'erreur qu'avait fait Assassin's Creed de proposer un gameplay extrêmement répétitif enrobé dans une couche de beaux graphismes et de personnages intéressants. Pas vraiment étonnant que les deux jeux soient développés par le même studio.
Finalement ?
Doté de graphismes magnifiques pour peu qu'on aime le genre, de personnages attachants et d'un gameplay fluide, Prince of Persia aurait tout pour plaire s'il n'était pas atrocement simple. Cette simplicité parfois frustrante mais située au coeur du gameplay en vient à gâcher le plaisir d'avancer dans une histoire toutefois intéressante. Avec une petite douzaine d'heures de durée de vie pour environ 60€ le jeu, Ubisoft se place assez loin des attentes des fans, malheureusement les bonnes ventes du jeu montrent que parfois, privilégier la forme au fond marche bien.
A noter, en nouvelle de dernière minute, que l'éditeur vient d'annoncer qu'un DLC nommé "Epilogue" sera disponible le 26 février prochain et permettra de continuer l'aventure. Aucun prix n'est pour l'instant annoncé mais on espère que le contenu sera cette fois un peu plus sérieux.