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Ils étaient un million hier d'après la police, donc sans doute au moins le double. Même Le Figaro a dû s'y résoudre. Des centaines de milliers de manifestants ont exprimé leur grogne, (presque) calmement. Nicolas Sarkozy s'était terré à l'Elysée. Comment interpréter autrement son absence médiatique d'un jour ? Batailles de chiffres mais succès reconnu En milieu d'après midi, la CGT se félicitait d'une participation record, inégalée depuis 20 ans, avec déjà 1,5 million de personnes dans la moitié des manifestations organisées dans toute la France à l'appel de tous les syndicats. La CFDT parlait des "plus grandes manifs de salariés depuis une vingtaine d'années". En fin de journée, la police chiffrait à un million le nombre de manifestants, contre 2,5 millions d'après les syndic et 195 cortèges dans toute la France. La bataille des chiffres a fait rage et frise le ridicule. A Paris, la police compte 65 000 manifestants, les syndicats 300 000. Le comble est atteint à Marseille, à Marseille où les syndicats revendiquaient 300 000 manifestants et la police ... 20 000. Coté Education Nationale, les estimations de grévistes oscillent entre 48% (d'après les services de Xavier Darcos) et 66% (d'après la FSU) dans le primaire; et entre 28% et 60% dans le secondaire. A la Poste, la grève a concerné entre et 40% des personnels. Côté transports, la SNCF a assuré ses TGV vers le Sud Est, mais pas ceux à destination du Sud Ouest et de l'Atlantique, ni son réseau de transports locaux : 40% de service pour les RER en région parisienne, avec des lignes quasiment fermées comme le RER A; 30% des trains Corail . Globalement, elle annonçait un trafic légèrement au-dessus de la moyenne et 37% de grévistes. Les aéroports parisiens ont souffert de retards quasi-systématiques de 30 minutes à 1 heure, avec 30% des vols annulés à Orly. Le Monde a simplement commenté : "La France a connu, jeudi 29 janvier, une mobilisation massive contre la politique économique et sociale du gouvernement, échappant toutefois à la paralysie et au "jeudi noir" prévus par certains." Le Figaro lui a emboité le pas quelques heures plus tard: "les syndicats réussissent leur journée de mobilisation" et reconnaît que cette démonstration de force fut "comparable à celle de 2006 contre le CPE, de 2003 contre la réforme Fillon des retraites, ou de 1995 contre le plan Juppé pour la Sécu et les régimes spéciaux." Sarkozy surpris Avant la grève, le pouvoir avait réparti les rôles. Nicolas Sarkozy, François Fillon et Brice Hortefeux ont fait le dos rond. Xavier Bertrand, Jean-François Copé ou Eric Woerth prévenaient que le mouvement serait sans doute très important pour mieux rebondir en cas de participation modeste. Ainsi Luc Chatel s'est permis d'expliquer sur Europe 1 que ce n'était pas si important que ça: "Il n'y a pas un niveau de grève exceptionnel, c'est plutôt en-deçà dans le secteur public que ce qui avait été constaté lors des derniers mouvements". Tous minimisaient la portée du mouvement à une grande inquiétude contre une crise qui nous dépasse tous. En fin de journée, à 20h46, l'Elysée publiait un communiqué très sobre, sans annonce nouvelle (la réunion du 10 février prochain étant prévue de longue date) : "La crise d’une ampleur sans précédent qui affecte l’économie mondiale provoque en France, comme partout dans le monde, une inquiétude légitime. En cette période particulièrement difficile, nos concitoyens craignent pour leur emploi. Cette crise impose aux pouvoirs publics un devoir d’écoute, de dialogue, et en même temps une grande détermination à agir. Dans cet esprit, je rencontrerai durant le mois de février les organisations syndicales et patronales afin de convenir du programme de réformes à conduire en 2009 et des méthodes pour le mener à bien. La France doit sortir plus forte de cette épreuve. Enfin, je tiens à remercier les agents du service public qui ont eu à cœur de faire fonctionner le service minimum conformément aux lois de la république. Ainsi, la gêne de