Baisse des taux : les banques s’engraissent !

Publié le 29 janvier 2009 par Kalvin Whiteoak

S’il est vrai que du financement hypothécaire est actuellement disponible sous certaines conditions assez restrictives auprès des banques cantonales et de Raiffeisen, on se doit malheureusement de constater qu’en Suisse comme  partout en Europe, les liquidités prodiguées aux banques commerciales n’atteignent pas leur but principal : fluidifier le marché du crédit.

En France, les établissements bancaires ont dû utiliser une bonne partie des liquidités étatiques pour une opération de “consolidation de leurs fonds propres“.

Mignon de considérer que l’argent du contribuable prêté par l’État constitue des fonds propres. En fait, ces emprunts super-subordonnés peuvent leur être assimilés en termes de ratios de liquidité bancaire, mais restent des fonds étrangers remboursables … un jour et non des fonds propres.

Sauf à ce que leur remboursement cause un tel souci à leurs bénéficiaires que seule une reclassification de ces sommes en “contributions volontaires abandonnées par l’État aux banques” (lire “cadeau du contribuable“) ne leur soit appliquée au final.


Le principal est en danger, ça ne fait pas de doute, mais pour l’instant admettons pour les besoins de l’exemple qu’il sera remboursé, un jour, une fois, dans une autre vie, peut-être …

Mais qu’en est-il du coût de ces crédits somptuaires ? car de ci de là on entend des ministres des finances annoncer avec superbe que l’État fait de bonnes affaires en accordant de tels crédits “payants” ( une certaine Christine Lagarde et son homonyme helvétique Hans-Rudolf le Magnifique tiennent ce genre de langage, par exemple).

Les Etats empruntent des sommes colossales sur les marchés, à des taux très bas, et grâce au sérieux (provisoire ?) de leur signature. Il reprêtent il est vrai ces sommes aux banques avec une très légère marge, qui ne saurait être considérée comme un profit net, mais tout au plus comme une petite marge brute dont il faut déduire les frais de fonctionnement du contrôle de tout le système, et ils sont nombreux.

Quant aux banques elles-mêmes, non seulement elles reçoivent des prêts à des taux qui frisent le zéro pour cent de coût  actuellement, mais ne reprêtent pas ces sommes à leurs clients. Dans le meilleur des cas elles maintiennent des lignes de crédit existantes sur la base d’un taux d’intérêt fixé il y a maintenant au moins 12 mois, à 4, 5 voire 6 % ou plus.

Le client emprunteur qui a la chance de ne pas voir son crédit coupé se tait et fait le gros dos. Mais le bénéfice entre un taux de l’ordre de 5 % et un taux de refinancement inférieur ou égal à 1 % représente une marge brute de 4 % environ.

Cette marge est au moins le quadruple de ce qu’elle était sur les marchés en début 2008.

Et c’est donc une nouvelle fois les banques qui se maintiennent à flot au détriment des destinataires de crédit : elles jouent même avec cet argent sur certaines formes d’emprunt publics ou para-publics à la baisse, recommençant en douce un jeu de l’avion qui s’avèrera juteux dès que l’œil du cyclone financier sera passé, le tout bien sûr avec l’argent du contribuable.

Quand donc les politiques comprendront-ils enfin qu’on ne peut pas faire confiance à un banquier et que seul le bâton de Guignol ou du Gendarme contre ce Gnafron de banquier permet d’obtenir des résultats ? et la on ne parle même pas de bonus, mais de l’activité bancaire de base uniquement.

Demandez autour de vous à un commerçant s’il est capable par un tour de passe-passe et aux frais du contribuable de faire passer sa marge brute de Fr.10.– en janvier 2008 — à Fr. 50.–  en janvier 2009, le tout sur un article qui vaut Fr. 100.– et en pleine crise de liquidités. Il faut être banquier subventionné par des politiques aveugles pour réussir ce tour de force.

Une fois encore l’occasion de rappeler que seule une étatisation complète du secteur du crédit privé et aux PME permettra de sortir de l’ornière, à savoir un retrait de force réglementé et ordonné par l’Etat de ce marché aux banques commerciales qui obligera ces dernières à changer de politique si elles veulent survivre.


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