Cela faisait un petit moment que je n’avais pas parlé de jeux vidéo. Mais là je viens de terminer une petite perle vidéoludique comme on en voit rarement, alors je me suis dit que c’était le moment idéal pour me fendre d’un petit article. Autant le dire tout net, Bioshock est un des meilleurs FPS auquel il m’ait été donné de jouer. Pas en termes de gameplay, mais bien en termes d’immersion. C’est bien simple, une fois qu’on a commencé le jeu, il est extrêmement difficile de lâcher le pad pour passer à autre chose…
Bioshock se déroule vers la fin des années 50 et vous met dans la peau d’un jeune homme victime d’un accident d’avion au milieu de l’océan. Heureusement pour vous, la providence veut que votre avion se soit écrasé à proximité d’un phare isolé. Lorsque vous pénétrez dans le phare, vous vous rendez compte que celui-ci est en fait le point d’accès d’une cité sous-marine, Rapture. Rapture est une cité utopique créée par le milliardaire Andrew Ryan qui espérait en faire un espace de liberté totale pour artistes et chercheurs, libérés de toute contrainte politique ou morale. Mais quelque chose a mal tourné et lorsque vous pénétrez dans Rapture, la cité est en ruines et hantée par des êtres violents et complètement fous, les chrosomes. Votre seul espoir est de suivre les instructions du mystérieux Atlas, qui vous a promis de vous faire sortir de là si vous l’aidiez à retrouver sa famille…
La première chose qui frappe lorsque l’on découvre Bioshock pour la première fois, c’est sa beauté époustouflante et son ambiance particulière. Le jeu se déroulant dans les années 50, tout renvoie à cette époque, que ce soient les magnifiques et imposants décors, les affiches et films publicitaires, la musique, ou encore l’arsenal que le joueur collecte au fil du jeu. On se prend souvent à s’arrêter de jouer pour contempler les décors, admirer les jeux d’ombre et de lumière, ou pour jeter un coup d’œil à travers les fenêtres pour regarder ce qui se passe dehors (oh, une baleine !). Les développeurs ont aussi pris soin de bâtir un univers cohérent et vaste. L’histoire de Rapture se dévoile petit à petit au fil d’un scénario classique mais bien ficelé, avec nombre de rebondissements et découvertes. Petite mention à la VF du jeu, elle aussi très soignée, chaque personnage étant interprété par un doubleur convaincant et avec une voix caractéristique, sans toutefois tomber dans la caricature. Au niveau gameplay, c’est tout aussi bon, la prise en main se fait très rapidement et le jeu, qui utilise le moteur Unreal, est très fluide. Seul petit bémol, mais qui peut être considéré comme une volonté de renforcer la crédibilité et le stress, les armes ne changent pas automatiquement lorsqu’on a vidé son chargeur.
Mais le véritable intérêt du jeu, c’est son cote RPG assez développé. Outre le fait que le jeu comporte des sortes de « mini-puzzles » lorsque le joueur souhaite pirater des machines (tourelles de protection ou distributeurs automatiques d’objets et munitions), il peut aussi faire évoluer son personnage. En effet, pour progresser dans le jeu, outre les armes classiques (pistolet, fusil à pompe, mitrailleuse, lance-grenades, etc), le joueur dispose de la possibilité de s’injecter des améliorations génétiques lui conférant des capacités extraordinaires. Ces plasmides, puisque c’est ainsi qu’elles se nomment, sont disséminées un peu partout dans le jeu et sont divisées en quatre catégories. La catégorie principale regroupe des pouvoirs destructeurs tels que télékinésie, pyrokinésie, éclairs électriques, éclats de glace, etc. Ces plasmides sont alimentés par l’EVE, un liquide que le joueur doit s’injecter pour utiliser ces capacités. Le nombre d’armes est donc double, puisque le joueur peut à la fois utiliser les armes conventionnelles, mais aussi les pouvoirs offerts par les plasmides. Les trois autres catégories de plasmides permettent au joueur de développer ses aptitudes : plus fort, plus résistant, plus rapide, capacités de piratage améliorées, etc. Le côté RPG vient du fait que le joueur n’a qu’un nombre d’emplacements limité pour ces différents plasmides et peut régulièrement en changer pour s’adapter à son environnement. Il est aussi possible d’acheter de nouveaux plasmides et emplacements de plasmides en dépensant de l’ADAM, un liquide transporté et collecté par les petites sœurs. Les petites sœurs sont des petites filles conditionnées pour récupérer l’ADAM sur les cadavres. Elles sont protégées par des Protecteurs, énormes bonshommes en armure plutôt coriaces. Une fois qu’un joueur a tué le protecteur, il a deux choix : soit tuer la petite sœur pour la vider totalement de son ADAM, soit la sauver en la libérant de l’influence de ce même ADAM, ce qui bien entendu lui en rapportera une quantité moindre. Une idée très intéressante n’ayant que peu d’influence sur le déroulement du jeu (mis à part sur son épilogue), mais qui implique énormément le joueur émotionnellement et moralement. Et c’est là le véritable génie de Bioshock. En poussant le joueur à réfléchir et à se questionner sur ses choix, il en devient d’autant plus impliquant et dépasse le cadre du basique FPS « boom boom ». Et le scénario cultive constamment cette ambivalence morale, à travers les choix du joueur, mais aussi à travers ceux des autres personnages. Le jeu pose des questions sur la responsabilité, les limites morales que la science doit savoir s’imposer, le prix de la liberté, etc.
Mais l’équipe de 2K n’en oublie pas pour autant le plaisir du jeu, qui est très efficace. Outre l’utilisation des pouvoirs qui se révèle très jouissive, on a droit à un jeu à l’action soutenue, et à la difficulté bien dosée. L’ambiance est parfois très glauque (les détails sordides et gores ne manquent pas) et effrayantes (la bande son est à cet égard exceptionnelle, on se prend parfois à stresser au son de ses propres pas). Et pour peu que l’on s’implique réellement, en tentant par exemple de récupérer tous les plasmides ou de sauver toutes les petites sœurs, la durée de vie du jeu devient très conséquente. Il est bien entendu possible de parcourir le soft au pas de course comme un bourrin, mais ce serait passer à côté de son intérêt premier. Si l’on prend la peine de s’impliquer un minimum, Bioshock révèle toute sa saveur, jusqu’à l’émouvante scène de fin qui démontre que le jeu vidéo est réellement en train de devenir un art majeur.
Après le magnifique Metal Gear Solid 4 et le bondissant Uncharted, la PS3 se dote avec Bioshock d’un nouveau chef d’œuvre vidéoludique. Magnifique, intelligent et particulièrement immersif, ce jeu est appelé é faire date dans l’histoire du jeu vidéo. Vivement la suite !
Note : 10/10