À l’appel des syndicats de journalistes, mais aussi et surtout du collectif Pigistes en colère (le PEC et son site les invisibles des médias), j’ai fait grève entre 11 heures et midi. Et j’ai envoyé un mail à tous mes rédacs chef, les pigistes et les journalistes en poste que je connais pour leur dire. Eh ouais… Parce que faut pas pousser mémé dans les orties non plus, les patrons de presse n’ont qu’une seule envie, c’est faire de nous des journalistes au rabais, et même des pas-journalistes du tout. Pourtant sans nous, je n’ose imaginer combien de journaux et magazines seraient remplis de pages blanches… Alors, voilà, je reprends quelques dessins d’Yves Barros et textes du PEC, juste pour vous expliquer pourquoi j’ai fait cette grève symbolique :
–> Pour une rémunération adaptée au travail fourni
Les barèmes de piges restent étrangement à l’écart des négociations salariales annuelles, tant dans les branches de presse que dans les entreprises. Curieusement, le journaliste pigiste échappe, c’est bien connu à l’inflation et à l’augmentation des charges qui pèsent sur son travail. Payé 45 euros le feuillet en 1978, il était rémunéré au même tarif en 2001. Si le prix du feuillet avait seulement suivi l’augmentation du coût de la vie il aurait du atteindre 130 euros en 2001…
Les journalistes pigistes réclament donc de toute urgence l’ouverture de négociations pour l’établissement d’un barème de pige décent dans chaque forme de presse et l’incorporation du barème dans la négociation salaire annuelle.
–> 60 millions d’euros d’économie par an pour la presse !
C’est, au bas mot, le montant des économies réalisées par les entreprises de presse en France sur le dos des journalistes pigistes. En travaillant chez eux, les journalistes pigistes permettent aux entreprises de ne pas payer de loyer, de ne pas supporter les frais d’investissements en matériel (informatique, photographique, son, vidéo…), les frais de fonctionnement et l’achat de consommables, sans même parler du non respect des dispositions de la convention collective (versement de l’ancienneté…).
Ainsi, chaque journaliste pigiste doit consacrer entre un à trois mois de salaire en moyenne pour pouvoir travailler et toucher en contrepartie une rémunération parfois indigne. En presse écrite, le feuillet est réglé en moyenne 18 et 60 euros le feuillet… Combien de temps devrons nous encore payer pour travailler ?
En guise de protestation, seuls dans leur bureau, les journalistes pigistes débrayent une heure aujourd’hui, de onze heures à midi.
Enfin, j’en ai aussi profité pour préparer mes bagages, soyons honnête (le respect du lecteur, ça fait aussi partie de la déontologie des journalistes, non ?!) Because ce soir on quitte Paris direction les Alpes, avec un stop à Lyon pour laisser la Demoiselle chez Doteur Mutti et Ran’Pa, ses grands-parents. Faut pas croire, les pigistes ralent, d’accord, m’enfin ils ne subissent pas tous un triste sort. ALors tant que ça va bien pour nous, profitons-en qu’on s’est dit ! Youpi !