Dans la capitale, le cortège dépassant République après 16 heures entonnait des "Casse toi, riche con" à destination de Nicolas Sarkozy en alternance avec "des milliards pour les travailleurs, pas pour les speculateurs" tandis que des banderoles réclamaient "du fric pour remplir les caddies". Salariés du secteur public y défilaient aux côtés de nombreux employés du privé, de l'automobile et de la distribution mais également de secteurs moins syndiqués comme la publicité ou encore le tourisme.
Les syndicats s'appuyaient sur les premiers chiffres pour réclamer une réaction du pouvoir. "Maintenant c'est au gouvernement d'apporter des réponses" sur "la relance avec des mesures concrètes pour les salariés et c'est après que l'on décidera de la suite à donner au mouvement", soutenait le secrétaire général de FO. Jean-Claude Mailly jugeait que "quand il y a une telle mobilisation, le gouvernement serait irresponsable s'il ne répondait pas".
Marseille : "Chiffre historique"
manifesation grève marseille syndicat cortège
Le cortège marseillais
Près de 100.000 manifestants selon les syndicats, plus de 20.000 selon la police, ont manifesté à Marseille. Tous les responsables syndicaux, en tête du cortège, ont défilé derrière une banderole prônant l'"unité des salariés pour ne pas payer la crise". "On va dépasser le plus gros chiffre historique à Marseille, les 300.000 manifestants", a annoncé au micro un organisateur. Plusieurs milliers de salariés du secteur public marchaient en tête, notamment des éducateurs pour handicapés. Suivaient des retraités, des salariés d'Auchan, Carrefour, Eurocopter, Naphtachimie, Arkema, Printemps, ArcelorMittal, Aubert...
Bordeaux : "La crise c'est eux, la solution c'est nous"
Quelque 34.000 personnes selon la police, de 80.000 à 100.000 selon les syndicats, ont manifesté à Bordeaux. Le cortège qui s'étalait sur plusieurs kilomètres s'est élancé en fin de matinée et a sillonné les artères du centre -ville derrière une banderole unitaire indiquant: "La crise c'est eux, la solution c'est nous". Des manifestants venant du secteur public (santé, hôpitaux, enseignants, sécurité sociale, SNCF) ont défilé aux côtés de nombreux représentants des entreprises privées, dont Auchan,Carrefour, Leroy Merlin et Air France. Des archéologues, des magistrats, des chercheurs, des retraités, beaucoup de jeunes dont certains sous l'étiquette du syndicat lycéen FIDL, ont participé à cette manifestation
Lyon : "Sarko, ça se voit ! "
Quelque 30.000 personnes, selon les syndicats, 25.000 selon la police ont défilé sans incident dans le centre de Lyon. Chômeurs, retraités, étudiants, élus de gauche, salariés du public et du privé (Renault Trucks, Arkéma...) ont battu le pavé, de la manufacture des tabacs jusqu'à la place Bellecour. Certains manifestants portaient des pancartes indiquant "refusons de payer la crise du capitalisme" ou bien "l'économie capitaliste est malade... qu'elle crève". D'autres scandaient "Sarko, ça se voit, on est dans la rue !" ou bien "sauvez les emplois, augmentez les salaires !".
Toulouse : manif de Gaulois
Entre 56.000 et 90.000 personnes, selon la police ou les syndicats, ont défilé à Toulouse. En tête du cortège, une rangée d'une dizaine de handicapés précédait une délégation de salariés de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), dont la cessation d'activité est prévue en juin. Déguisés en gaulois, les Molex brandissaient une pancarte "Le village de gaulois qui résiste aux prédateurs", tandis qu'un Panoramix sur un chariot, poussé par Astérix, frappait sur un bidon d' huile transformé en "chaudron de l'emploi".
L'Ouest et le Sud mobilisent
Dans l'ouest, les premières estimations montrent une forte mobilisation dans la rue. Au moins 15.000 participants selon la police au Mans. 21.000 ont également manifesté à Caen selon la police, qui parle d'un chiffre très élevé pour la région, et 15.000 à Rouen. Dans le Finistère, des sources policières ont enregistré une participation comparable à celle contre le CPE, avec 10.000 manifestants à Quimper. Dans des villes moyennes, la mobilisation est également forte, 15.000 à 25.000 à Perpignan, 9.000 à 14.000 à Tarbes,7.000 à Boulogne-sur-Mer, 5.000 à Arras. A Rennes, d'impressionnants cortèges ont commencé leur défilé en fin de matinée.
"La plus grande journée" depuis 20 ans pour Chérèque
Organisée pour défendre l'emploi, le pouvoir d'achat, les garanties collectives et les services publics, et dénoncer la politique anti-crise du gouvernement, la journée de mobilisation est regardée avec sympathie par l'opinion, selon tous les sondages : 69% la jugent "justifiée", selon le dernier en date (BVA-Orange-Express).
Pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, il s'agit de "la plus grande journée d'action des salariés depuis une vingtaine d'années". "C'est une journée réussie, les échos de province montrent que nous sommes au niveau des plus grosses manifestations du CPE", qui avaient rassemblé de un à 2,6 millions de personnes en France en 2006 contre le projet de "contrat première embauche" du gouvernement de Dominique de Villepin.
Fillon veut "tenir le cap"
Refusant que les salariés soient "les premières victimes de la crise", les syndicats se sont unis autour d'une plateforme revendicative (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Unsa, Solidaires) sans précédent. Ils veulent "des mesures urgentes en faveur de l'emploi, des rémunérations" et une "politique de relance économique". La précédente journée syndicale unitaire, le 22 mai 2008, pour les retraites, avait rassemblé de 300.000 à 700.000 manifestants (selon la police ou les organisateurs). On en comptait un à deux millions en 2003 (retraites) et 1995 (Sécurité sociale). Dans le privé, l'impact des grèves "sera très difficile à évaluer", selon la présidente du Medef Laurence Parisot, les difficultés de circulation pouvant avoir un effet sur l'absentéisme.
L'exécutif n'entendrait pas pour autant infléchir sa politique. "Je comprends vos difficultés" mais il ne faut "pas arrêter le mouvement des réformes", avait déclaré mardi le président Sarkozy. Pour François Fillon mardi, le "rôle d'un gouvernement" n'est "pas de faire des gestes" mais "de tenir le cap de la réforme". "Si le gouvernement ne répondait pas à une forte mobilisation, il serait irresponsable", avait répliqué le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, rappelant le rendez-vous intersyndical du 2 février pour décider des suites du mouvement.