Le Xiang Qi Échecs au bord de l’eau

Publié le 29 janvier 2009 par Julien Peltier


Le Xiang Qi, d’origine sino-vietnamienne, est un dérivé d’un autre jeu chinois ancien, «le jeu des quatre dragons». Comme son nom l’indique, il se jouait au départ à quatre joueurs, qui représentaient chacun un camp. Les règles ont évolué ultérieurement, et les quatre camps ont fusionné, n’en laissant plus que deux, pour donner naissance à l’un des jeux de plateaux les plus populaires de Chine. Le « jeu des quatre dragons » est lui-même une version chinoise du Chaturanga*, originaire de l’Inde. Cependant, contrairement premier, le second a conservé ses quatre joueurs représentant les castes indiennes.

Littéralement, « Xiang Qi » signifie « jeu de l’éléphant ». Les deux idéogrammes qui composent le mot peuvent être retrouvés dans d’anciens textes tels que le Chuci, un recueil de poèmes du III° siècle avant Jésus-Christ, ou encore le Shuo Yuan, datant du premier siècle de notre ère. Il est écrit dans ce dernier que « si vous avez du temps libre, battez-vous au Xiang Qi ou dansez avec les femmes de Zheng ». Les historiens pensent qu’il s’agissait initialement plutôt d’un jeu à vocation astrologique, basé sur les points cardinaux et les déplacements des astres. C’est l’empereur Wu de la dynastie Zhou qui, le premier, en coucha les règles sur le papier, dans un texte de 568, le Xiangjing.

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Le jeu poursuivit son développement sous le règne des dynasties Tang et Song. Ainsi le Premier ministre Niu Zeng Yu fit-il évoluer les règles, tandis que le poète Cheng Jing composait au XI° siècle une ode au Xiang Qi. Trois variantes du jeu prirent forme après la dynastie Song. L’une d’entre elles consistait en 32 pièces évoluant sur un plateau carré de neuf lignes horizontales sur neuf lignes verticales. Cette version ne comportait pas de rivière. Le jeu adopta sa forme définitive, avec 34 pièces et un plateau de 11x11, au XIII° siècle. Avec les conflits économiques et culturels qui marquèrent l’avènement de la dynastie Qing au XVII° siècle, le Xiang Qi entra dans une nouvelle phase. Beaucoup d’écoles et de cercles de joueurs firent leur apparition. De nombreux ouvrages sur le jeu furent publiés. Ceux-ci influencèrent beaucoup les méthodes de jeu. Si le Xiang Qi est méconnu au Japon, il jouit d’une grande popularité en Chine et au Vietnam, où il est connu sous le nom de « Ca tuong ».

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Règles du jeu
Le but du jeu est similaire à celui des échecs : il faut capturer l'empereur. Les déplacements se font sur les lignes et non pas à l’intérieur des cases. Chacun joue à tour de rôle jusqu'à la victoire ou le match nul. Les pions sont cependant différents, en voici le descriptif :
• Les soldats : ils sont au nombre de cinq et sont placés devant. Les soldats bougent d'une case en avant tant qu'ils n'ont pas franchi la rive (représentée par un vide au centre qui ne compte pas pour une case). Une fois la rive traversée, ils gagnent le droit de bouger latéralement. Contrairement aux échecs, ils ne reçoivent aucune promotion une fois parvenus au fond du plateau.
• Le canon : Le jeu comporte deux canons, qui sont situés derrière les soldats. Leur mouvement est similaire aux tours des échecs. Cependant, pour pouvoir prendre une pièce, une autre pièce doit se trouver entre le canon et la pièce à prendre.
• Les tours : Elles sont identiques à celles des échecs, et se trouvent également dans les coins.
• Les cavaliers : Eux aussi sont les mêmes que leurs cousins des échecs. Toutefois, aucune pièce ne doit obstruer leur passage lors d’un mouvement en avant (rappelons que le mouvement d'un cavalier est d'une case en avant et une case en diagonale, en « L »).
• Les vaches : Les deux vaches sont placées et évoluent de la même façon que le fou, à ceci près qu’elles ne peuvent bouger que de deux cases en diagonale, et qu'elles ont interdiction de traverser la rive.
• Les mandarins : Cantonnés à l’intérieur du palais (représenté par un carré et ses diagonales), les mandarins se déplacent d'une case en diagonale.
• L'empereur : Équivalent du roi, l’empereur peut bouger d'une case, horizontalement ou verticalement. À l’instar des mandarins, il ne peut quitter le palais.
Précision d’importance : les deux empereurs ne doivent jamais se retrouver face à face.
Rubedo
* Lire l'article consacré à ce jeu
Sources et approfondissements (en anglais) sur
Wikipedia
www.yutopian.com
history.chess