Parfum boisé, humidité du sous-bois
Vieux tabac et vin virant au vinaigre
Moisissure de cave terreuse et délaissée
Transpiration corsée masquée difficilement par un déodorant bon marché
Parfum de cocotte à te faire préférer l'apnée
Haleine fétide
Volute médicamenteuse de camphre ou d'eucalyptus
Puanteur ignoble déclanchant un haut le cœur.
Respire!
Oui, respire à plein poumon. Afin de ne plus être incommodé par une odeur qui te déplaît voire t'incommode, respire les fragrances nauséabondes à narine déployées, efficace parait-il.
Parfois, le romantisme éclot soudain dans une rame de métro. Un parfum vous évoque le souvenir d'un homme, d'une femme... d'un pays.
Les fragrances du métro se dégustent alors comme une petite madeleine, se dévorent comme une page de Proust.
Un wagon est un vivier magique, créatif, un melting pot d'odeurs, une représentation de l'infini et du discontinu, entre l'agréable ou le totalement attirant et l'incommode ou la franche puanteur.
Même vide, la ligne de métro elle-même possède une odeur… La ligne 14 par exemple, est bien caractéristique… Oui, renifle. Que t'évoque-t-elle? Moi, elle me rappelle l'odeur du cirque de quartier, la sciure de la piste où se déroulait le spectacle humain et animalier enfantin.
Alors? Dites moi, la ligne 14, elle vous fait penser à quoi?
En sortant à l'air libre, je longe le quai où je croise deux hommes, grands, la trentaine , le regard enthousiaste, des mouillettes à la main frôlant en chœur leur nez dont les narines palpitaient sous l'effet des volutes de parfum. L'un deux inspirant la mouillette parfumée plus profondément, les yeux mis clos déclara sous l'emprise d'une soudaine révélation:
C'est comme si je te disais que ça sent la joie!