Suite des rencontres entre têtes d'affiche et des ouvrages qu'il faut plutôt chercher du côté des bouquinistes avec Wolverine/Hulk : La Délivrance.Si pour presque tout le monde, se crasher en avion peut occasionner des effets secondaires plus ou moins gênants, pour Wolverine, ce n'est qu'une péripétie de plus. Le petit teigneux revenu de tout va pourtant avoir la surprise de découvrir une petite fille, Po, au milieu des montagnes enneigées et de la tempête. Son père et elle ayant également été victimes d'un accident d'avion, Logan tente d'aider du mieux qu'il le peut la jeune Po, folle d'inquiétude pour son papa, prisonnier au fond d'un lac.Le tandem improbable va vite tomber sur Hulk qui pionçait tranquillement dans une grotte (qui n'a pas rêvé de se taper une petite sieste dans un tel lieu ?). Ces deux brutes sanguinaires feront-elles le poids face à cette étrange jeune fille, taquine et espiègle, qui recherche en fait un moyen d'apaiser son esprit tourmenté ?Après l'insipide Rédempteur, voilà un récit (datant de 2002) autrement plus enthousiasmant et original. Sam Kieth (Sandman) signe à la fois le scénario et les dessins. Graphiquement, c'est très particulier mais visiblement inspiré. Kieth représente Logan et Hulk de manière très caricaturale, accentuant ainsi leur côté bestial. Il se sert également de dessins naïfs, censés être faits par la fillette, et de petites annotations pour nous plonger dans l'esprit enfantin de la petite héroïne. Le procédé rappelle d'ailleurs un peu le style narratif que David Mack développera plus tard sur Echo, un arc magistral et poignant de la série Daredevil.L'histoire est assez originale et, même si Logan et le géant vert se filent quelques beignes, s'écarte assez (surtout pour l'époque) des routes trop souvent empruntées et bitumées par l'ennui. Il n'y a ici ni vilain à punir, ni grand message à faire passer, juste une rencontre aux confins du fantastique, une expérimentation presque, tant Po semble être une goutte d'innocence et de fragilité versée dans un bain de violence animale.Parfois drôle, souvent émouvante, cette délivrance touche un peu à ce que les héros ne peuvent changer et aux limites des pouvoirs (d'une certaine manière ce que Garth Ennis évoquait aussi, de façon plus violente, dans The Pro). C'est également un véritable bonheur visuel, avec des planches alternant visages magnifiquement creusés par la gravité et esquisses plus simples dans l'aspect mais lourdes de sens.Les quatre épisodes, du coup, s'avalent un peu trop vite. Heureusement, ils sont disponibles, en VF dans la collection 100% Marvel, pour une poignée d'euros à peine (6,00 ou 7,00 € pour un état excellent semble un prix correct). Un conte pour adulte, avec de gentilles bêtes et une fin amère.