mouvement social : Nicolas Sarkozy aurait-il besoin d’un sonotone ?

Publié le 29 janvier 2009 par Kamizole

C’est bien évidemment la question qui m’est venue spontanément en découvrant ce titre sur la newsletter du Figaro : Sarkozy veut rassurer sur sa capacité d’écoute

«Ecouter» c’est s’appliquer à entendre… Je ne pense pas que Nicolas Sarkozy soit quelqu’un qui «s’applique» à quoique ce soit ! Sauf ce qui le concerne. Bâtir son image, magouiller, échafauder des combinaisons.

Mais s’agissant des autres, il s’en tape grave et ne leur accorde attention que tant qu’il les pense utiles. Après, il laisse choir, encore heureux qu’il ne leur plantât pas un couteau dans le dos, son sport de combat favori avec les petites vengeances les plus mesquines possibles.

Quant à «entendre», encore faut-il en distinguer les diverses acceptions.

Nicolas Sarkozy n’a sans doute pas (encore) besoin d’un sonotone. Je crois ses oreilles en parfait état de marche. Donc l’ouie n’est pas en cause.

Ni la compréhension.

Il sait très bien très bien ce que veulent les Français qui vont faire grève et manifester aujourd’hui. Mais faire droit à leurs légitimes revendications, que non point ! «On ne peut servir deux maîtres à la fois» : il a choisi le capital au détriment du salariat, les très riches contre les pauvres et les classes moyennes.

Vous ne le ferez pas dévier d’un iota. Comme nombre de ses ministres, il fait mine de compatir à la détresse de ceux qui sont en train de tout perdre. C’est fou comme soudain ils comprennent ! la légitime inquiétude des salariés.

Même André Santini, ministre de la Fonction publique qui dit comprendre que les fonctionnaires fassent grève ! C’est nouveau… D’habitude, c’est «tas de feignants, déjà bien trop payés, que veulent-ils de plus ?».

Il le dit dans une interview accordée à 20 minutes : André Santini: La grève dans la fonction publique, «c’est tout à fait naturel, et même souhaitable»… J’avoue d’ailleurs ne pas savoir ce que recouvre exactement le : «et c’est même souhaitable»… Il le justifie par la nécessaire «solidarité» - il découvre sans doute le mot ! - venant de personnels qui ont la garantie de l’emploi et sont donc considérés de ce fait comme des «privilégiés»… On voit bien qu’il n’a pas pour tout potage que le salaire de certains fonctionnaires !

Et puis, le fonctionnaire n’est-il pas une espèce en voie de disparition ? A continuer ainsi, année après année, exercice budgéraire après exercice budgétaire à «dégraisser le mammouth», et l’ensemble des adminis-trations et des services publics, il devrait bientôt n’y avoir plus que de très haut fonctionnaires, aussi grassement payés que les ministres.

Comme les tâches subalternes et d’exécution devront bien être assumées, on fera appel au privé voire à des emplois «aidés» comme c’est déjà assez souvent le cas… rotation des effectifs parmi les demandeurs d’emploi, tous les ans ou tous les deux ans. D’où l’utilité d’un bon «stock de chômeurs» taillables et corvéables à merci.

J’y vois de la prudence : ne pas mettre de l’huile sur le feu… Ils serrent tous les fesses en se remémorant décembre 95 ! Ils préfèrent se rassurer en espérant que ce n’est qu’une «journée d’action» de plus. Sorte de défouloir collectif : soupape de cocotte-minute sur le chaudron du mouvement social et de la désespérance.

Que faudra-t-il pour leur faire «entendre raison» ? J’avoue n’avoir pas la réponse.