Un billet intéressant sur le blog de Laure Noualhat du journal Libération.
Quand une traduction est au centre d’une bataille politique… Voir le billet ici.
Je vous en propose un extrait en fin de billet.
Deux remarques :
- on y perçoit toute la difficulté et la richesse de la traduction qui participent au plaisir quotidien des meilleurs traducteurs : conserver le sens, penser à la valeur symbolique des mots et expressions utilisés, impulser une direction à l’action, etc.
- mais on y voit aussi toutes les limites des mots et donc des traductions quand on se situe dans le domaine de l’action : au delà des mots, les faits…au delà des déclarations, les actions…
Extrait du billet concernant la traduction de l’expression “Sustainable development” :
“Les Sénateurs ont démarré hier l’examen du premier paquet du projet de loi Grenelle. Les débats ont démarré à fond les ballons puisqu’il fut carrément question de remplacer l’expression “développement durable” par “développement soutenable”. Un débat un peu tardif, certes, l’expression ayant été généralisée dans toute la société, mais qui a l’avantage de montrer que certains sénateurs savent faire le distingo entre le grain comestible (le développement soutenable) de l’ivraie (le développement, mais durable).
En préambule, les sénateurs MM. Muller et Desessard et Mmes Blandin, Boumediene-Thiery et Voynet avaient donc déposé un amendement pour opérer la pirouette sémantique dans l’ensemble du texte de loi. D’après eux, et nombreux sont ceux qui partagent leur avis, le “développement durable” est un oxymore. Comment un développement perpétuel peut-il être durable? Ainsi, les sénateurs ont tenté l’impossible: rétablir le sens des mots.“
Et la conclusion de l’examen de l’amendement :
“L’amendement a été refusé: introduire une nouvelle notion serait source de confusion, d’après Bruno Sido. “D’autant que les Français se sont approprié l’expression, quelque fausse qu’elle soit. Comme la bataille contre l’usage incorrect de l’expression «bien achalandé», c’est une cause perdue. Mettons plutôt notre énergie à défendre les idées qu’à changer les termes. Avis défavorable.”