Des médicaments détectés dans les eaux traitées par les stations d'épuration

Publié le 29 janvier 2009 par Benjamin Tolman
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Canada - Une équipe de chercheurs de l'université de Montréal a analysé les eaux en amont et en aval de la station d'épuration des eaux usées de Montréal. Leur étude révèle la présence de produits de chimiothérapie et de certains médicaments traitant l'hypertension et le cholestérol.

Du bézafibrate (médicament diminuant le cholestérol), de l'énalapril (traitement de l'hypertension), du méthotrexate  et du cyclophosphamide (deux produits utilisés dans le traitement de certains cancers) ont tous été détectés dans les eaux usées entrant dans la station d'épuration de Montréal. Du bézafibrate et de l'énalapril ont également été détectés dans les eaux traitées sortant de la station d'épuration et dans les eaux de surface du fleuve St-Laurent où sont rejetées les eaux traitées.
 
Cette étude a été menée en raison de l'augmentation fulgurante de la consommation de médicaments observée ces dernières années. Selon une étude d'IMS Health Global Services, en 1999, la consommation mondiale de médicaments se chiffrait à 342 milliards de dollars. En 2006, elle double, évaluée à 643 milliards de dollars. Un proportion significative des médicaments consommés sont excrétés par le corps humain dans l'urine et se retrouvent alors dans les eaux usées des égouts municipaux. De plus, certains produits de chimiothérapie, comme le méthotrexate, sont excrétés par l'organisme de 80 à 90 % sous leur forme initiale.
"Le méthotrexate et le cyclophosphamide sont deux produits très souvent utilisés pour traiter le cancer, donc plus susceptibles de se retrouver dans l'eau, explique Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l'université de Montréal. Même s'ils traitent le cancer, ces deux produits sont hautement toxiques. C'est pourquoi nous voulions savoir dans quelles mesures la faune et la flore du St-Laurent y sont exposées."
Les quantités de bézafibrate et d'énalapril détectées dans les eaux usées, les eaux traitées et dans les eaux de surface à la sortie de la station d'épuration atteignent respectivement 50 nanogrammes par litre, 35 ng/L et 8 ng/L pour le bézafibrate et 280 ng/L, 240 ng/ L et 63 ng/L pour l'énalapril.
"Ces quantités sont minimes, mais nous ne connaissons pas encore leurs effets sur la faune et la flore du St-Laurent, explique le professeur Sauvé. Il est possible que certaines espèces y soient sensibles. D'autres études écotoxicologiques seront nécessaires. Quant aux produits de chimiothérapie qui ont été détectés dans les eaux usées, mais pas dans les eaux traitées, une question demeure : nous ne les avons pas détectés parce que le processus de traitement des eaux a réussi à les éliminer ou parce que notre méthode de détection n'est pas encore assez sophistiquée pour les détecter ?"
Les sites de rejet des eaux traitées par les stations d'épuration constituent la principale source de dispersion de médicaments dans l'environnement.