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Les cigales de l’immobilier ont fini de chanter

Publié le 28 janvier 2009 par Letuyo

A Nice comme sur toute la Côte d’Azur, le marché immobilier pique sérieusement du nez. Professionnels de l’immobilier et investisseurs-spéculateurs se trouvent fort dépourvus.

Plus de 140 % en six ans… sur la Riviera, le prix du m² n’a pas flambé, il a explosé ! Mieux qu’une valeur refuge, en quelques années, la pierre s’est changée en or. Mais le vent tourne. Depuis septembre le filon se tarit. En mal de liquidités - crise financière oblige -, les investisseurs étrangers se font rares. Plus de la moitié seraient partis placer leur argent sous d’autres tropiques. Et l’acquéreur lambda, de France et d’ailleurs, encaisse la chute de son pouvoir d’achat de m². Quand aux Azuréens, ils s’arment de patience. Le chaland spécule sur une possible (probable?) baisse des prix et guette les mises en vente raisonnables. En face, les propriétaires gardent en tête les prix « d’avant la crise » et ne lâcheront pas leur bien pour des figues. C’est l’attentisme. Acheteurs et vendeurs se regardent en chiens de faïence pour voir qui craquera le premier…

Tout le monde boit la tasse

Alors le marché « se contracte », comme disent les pros du secteur. En un an, le nombre de transactions a diminué de 22% selon le très sérieux Observatoire immobilier d’habitat. Paradoxe : les prix ne bougent pas ! Pour combien de temps ? Un premier recul de 3% a été enregistré l’an passé pour les logements neufs. Certaines projections tablent sur une moyenne de - 5% pour les prochains mois. En attendant, sur le marché de l’immobilier, eldorado des années 2000, tout le monde boit la tasse.

En première ligne, les agents immobiliers. En en un temps record, leur nombre a quasiment doublé dans le département : la préfecture recensait près de 1200 professionnels en 1997… et dix plus tard, plus de 2100 ! Des années fastes où les vocations n’ont pas manquées. Les « frais d’agence » ont fait manger beaucoup de monde. Aujourd’hui, finie la flambe, l’heure est à la reconversion pour beaucoup d’entre eux.

Sur le front, également, les entreprises du bâtiment et travaux public (BTP) : là aussi, le retournement du marché fait mal. « On rentre dans la crise maintenant » grince Dominique Ivaldi, le président de la fédération du BTP. Les petits artisans vont souffrir, nul n’en doute. Mais pas seulement. Chez les « grands » du secteur aussi, les carnets de commande se vident depuis plus de trois mois. Sur les chantiers, les intérimaires sont les premiers remerciés. Avant les premières vagues de licenciement ? Heureusement qu’il y a « la commande publique » pour les soutenir. Et l’on repense au surcoût de 56 millions de l’hôpital Pasteur II, qui fait actuellement l’objet d’une enquête de la répression des fraudes.

Le conseil général n’est pas épargné

Rien de mieux chez les promoteurs-constructeurs. « Il faut arrêter d’imaginer que les promoteurs gagnent 20, 30, voire 40% de marge. Aujourd’hui c’est entre 6 et 8% » s’agace leur président, Christian Roussaux. Mais si les bénéfices sont si faibles aujourd’hui, comment survivaient les promoteurs il y a 10 ans, avant le boom du marché, lorsqu’ils vendaient leurs immeubles deux fois moins chers ? « Les normes de construction ont évolué, ce qui a fait grimper la facture. Les prix des terrains ont aussi augmenté de 15 à 30%. On a fait la fortune des propriétaires fonciers, ils ont ramassé des sommes fabuleuses… »

Dernière victime, collatérale celle là : le conseil général. Un quart de ses recettes provient des droits de mutation versés chaque fois qu’un bien change de mains. Le Département a déjà perdu 20 millions l’an dernier, et ce sera pire en 2009. On parle de 100 millions d’euros de manque à gagner. Son tout nouveau président en appelle à la « responsabilité des promoteurs » : il faut que les prix baissent. Pour en arriver aux incantations, Eric Ciotti doit réellement être inquiet. Son premier budget, dont la présentation a déjà été retardée de 3 mois, ne pourra probablement pas être bouclé sans une augmentation des impôts locaux. Une fois que beaucoup de monde s’est servi sur la bête, ceux qui paient la note ne sont pas forcément les mêmes.


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