Sans exagération aucune, j'ai mis 2 jours à me remettre de la lecture de ce livre. Impossible d'entamer un nouveau tant son souvenir et l'émotion liée sont restées vivants.
Les cerf-volants de Kaboul est un ouvrage bouleversant tellement, bien que roman, son histoire touche au plus proche de la réalité avec le défilement d'une vie, parsemée de réussite et de grands malheurs.
L'histoire est celle de deux enfants, Amir et Hassan. Deux enfants afghans de Kaboul -de cet Afghanistan d'avant 1978 et l'arrivée des Russes, que tout sépare de par leurs origines et leurs conditions sociales (Hassan est Hazara et le serviteur d'Amir) mais que l'enfance et l'amour lient d'une force impressionnante.
Malgré cet amour, Amir, enfant perturbé (sa mère est morte en le mettant au monde), va être capable des pires méchancetés pour tenter de conquérir l'amour de son père au sacrifice de sa paix intérieure et du bonheur de ceux qui l'entourent. La suite ne peut pas se raconter sans enlever du suspens à la tragédie du livre. Quel génie d'écriture qu'est celui de Khaled Hosseini. Il nous attrape dans ses filets dès la première ligne du livre et nous garde avec lui bien après la dernière. J'ai lu des heures durant en ayant l'impression qu'il ne se passait que des minutes.
Ce livre englobe des faits historiques, de l'humour, du suspens, de l'émotion...et une très belle morale. Un bijou tragique dont il est difficile de gérer l'éclat de l'émotion qui s'en dégage pour les âmes sensibles comme moi.
Deux extraits qui montrent l'ironie sarcastique qui est parsemée à travers le livre :
"…avec les hommes, c'est facile, nous assena-t-il en pianotant sur son bureau en acajou. Leur plomberie est à l'image de leur esprit : simple et sans surprises. Les femmes, en revanche...ma foi, Dieu a longuement médité votre conception."
"…Agha, on vous a déjà raconté comment le mollah Nasruddin a réagi quand sa fille s'est plainte auprès de lui d'avoir été frappée par son mari ?...Il l'a rouée de coups lui aussi, puis l'a renvoyée chez elle dire à son mari qu'il ne laisserait personne se payer sa tête : cette ordure avait osé battre sa fille ? Qu'à cela ne tienne, lui battrait sa femme en représailles?"
Et un extrait qui explique le tragique de l'histoire de départ :
"Je sais avec quelle dureté ton père t'a traité quand tu étais petit. Je sentais ta peine, ton besoin d'affection, et mon coeur saignait pour toi...."
Nathalie Château-Artaud