Certains des lecteurs de mon
blog ont sans doute entendu parler de l'affaire des "inculpés de la réunification" qui monopolise la toile depuis la veille du nouvel an dernier. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, en
voici un résumé:
Quelques heures avant le nouvel an, six jeunes se font interpeller à tagguer des trains à Nantes. Que taggue-t-il? "44=BZH" naturellement. Trois se font attraper, les trois autres recevront la
visite des policiers quelques heures plus tard. Que l'on soit favorable ou non au rattachement, être arrêté pour flagrant délit de peinturlurage est logique.
Ce qui le fut moins, c'est la pression exercée sur ces jeunes que l'UDBy a dénoncé (voir ici): 40 heures de garde-à-vue, c'est
scandaleux! Bref, passé cela, la tenue d'un procès est normale puisqu'il y violation d'une règle. Celui-ci aura lieu le 12 février, à Nantes.
Il y a quelques jours, les Jeunes de l'UDB ont rédigé un communiqué de soutien aux inculpés en vue de leur procès (voir ici). Ce
communiqué indique que des barbouillages ne sauraient être aussi graves que la négation de l'identité bretonne en Loire-Atlantique.
MAIS...
Nous n'avons pas cautionné les méthodes utilisées par ces jeunes pour parvenir à leur fin. Celles-ci nous semblent, à terme, contre-productives et pas sérieuses! Et cela n'a pas plus du tout à
certaines personnes du milieu breton. Cet article leur donnera quelques réponses (je suis faible, je m'étais promis de laisser courir!).
Pourquoi avoir choisi un tel titre? Tout simplement car les critiques que l'on nous a faite m'ont fait comprendre à quel point nous ne vivions pas dans la même réalité! Quitte à paraître
moralisateur (ça ne changera pas), j'aurai tendance à définir un certain nombre d'entre eux comme des "enfants perdus", ceux qui accompagnent Gael
Roblin Peter Pan dans le monde imaginaire. Il faudrait penser à grandir et à envisager sérieusement d'atteindre les objectifs politiques que sont la réunification ou l'autonomie (ou
même l'indépendance puisque certains d'entre eux le sont). Et pour cela, tous les moyens ne sont pas bons.
Je m'explique car j'imagine que cela ne doit pas être simple à comprendre pour tout le monde. Il existe dans le mouvement breton certaines personnes qui vivent dans une bulle, qui se sont
fabriqués une mythologie dans laquelle ils aiment vivre. Souvent très engagés et sincères, mais qui ne comprennent pas que l'on vit en France, que la France a des lois, qui ne conviennent pas à
tout le monde certes, mais que pour faire bouger ces lois, c'est le pouvoir politique qu'il faut prendre. Ce pouvoir ne se prend pas par la force, mais par le vote!
En gros, on nous reproche de ne soutenir qu'à moitié ces inculpés car, dit-on, nous sous-entendons qu'il pourrait y avoir "une peine acceptable". Soyons réalistes... ces jeunes ont été pris en
flagrant délit donc, sauf vice de forme, il est évident qu'ils prendront une amende, même avec sursis! Ils ne peuvent pas être acquittés sans quoi il est évident que ce serait un appel à
continuer... et un appel aux anti-bretons à recommencer le taggage sur les panneaux que ces mêmes barbouilleurs critiquaient (voir ici), comme nous.
Il faut comprendre que nous n'avons pas tous la même réalité et que ce qui est vrai pour certains ne l'est pas pour d'autres. Nous aussi avons dénoncé le matraquage publicitaire de cette
région bidon qu'est les Pays de la Loire. La véritable question est de savoir si on politise l'affaire ou pas? Beaucoup rêvent de devenir martyres, comme Peter. Je ne rentre pas dans cette
logique du misérabilisme.
La Loire Atlantique est assurément bretonne, mais ce ne sont pas les militants bretons qu'il faut convaincre! Ce sont ceux qui s'en balancent. Ni l'UDBy, ni Emgann, ni aucun autre n'a le droit
de juger à la place des juges! Heureusement que la vindicte populaire ne décide pas sans quoi la peine de mort serait rétablie!
Bref, je soutiens les jeunes inculpés et plus encore la réunification. Mais ce n'est pas en jouant la loi du plus fort que nous obtiendrons le rattachement. C'est en proposant des alternatives
crédibles, sérieuses. Pas en se prenant pour Bobby Sand ou Michael Collins. Nous ne vivons pas (encore) dans une dictature et les possibilités d'expression existent (encore).
Ce que vous nous demandez en somme, c'est d'accepter ce que vous avez fait seuls! Certes, vous passerez plus dans la presse à scandale, mais vous passez pour des "jeunes bretons amusants". Les
résistants ne demandent pas l'acquittement, ils assument leurs actes en sachant ce qu'ils risquent... c'est cela qu'il faut faire SI vous voulez politiser l'affaire!