L’édition 2009 du machin sans queue ni tête a commencé à Davos, avec son faste usuel et avec ses porteurs d’eau et de nouvelles officielles. Mais comment peut-on donner le moindre crédit aux bavardages sans issue de gugusses qui, il y a deux ans encore, “célébraient un conte de fées à Davos“, selon les propres termes de Michael Eliott, directeur du magazine Times, habitué des lieux.
Comment croire un seul instant ce que va raconter le boss de UBS, incapable de gérer sa propre maison. Comment aussi croire ne serait-ce que dix secondes les bavardages des cheikhs venus à Davos uniquement pour faire leur marché parmi les décombres absorbables à prix cassés.
Tous les regards sont tournés vers la Chine, devenue le sauveur potentiel et l’eldorado des exportateurs, si toutefois l’ex-empire parvient à juguler la propre crise interne qui frappe son industrie. Mais tout se tient, car pour exporter depuis Beijing ou Fuzhou, il faut quand même que les clients tiennent encore debout.
En particulier ceux qui résident aux USA, pour lesquels on sait qu’un plan audacieux est en marche, aux limites même de l’emballement de la planche à billets, et sans que l’on puisse actuellement savoir s’il va fonctionner.
Car finalement tout le hic est là : les penseurs économiques se sont tellement trompés ces derniers mois et années qu’ils n’osent plus dire grand chose d’autre que des paroles que Cassandre ne renierait pas.
Mais ce n’est pas de cela que l’on a besoin, mais de réflexions intelligentes sur les moyens de se sortir globalement et intelligemment du mauvais pas dans lequel les financiers et les banquiers ont plongé le monde, avec la complicité passive des politiques de toutes couleurs.
On parle de refondation du capitalisme, grand mots vides lorsqu’ils sortent de la bouche des curistes de Davos : leur attitude est simple, ne pas penser un instant ce qu’ils racontent actuellement, faire le gros dos assis sur leurs milliards et attendre que ça passe pour recommencer de plus belle lorsque le soleil reviendra, dans des schémas économiques et financiers encore plus dévastateurs que ceux qui ont créé la crise actuelle.
Ainsi donc, puisque quelques politiques ont fait le déplacement de Davos, on doit leur rappeler que c’est à eux, élus des peuples, que revient la responsabilité première de juguler la crise. Et pour juguler la crise il faut tuer le vieil homme, définitivement, à savoir excommunier tous les acteurs économiques et financiers qui sont responsables de ce qui est arrivé. Ces acteurs sont en effet les seuls actuellement à avoir d’une part créé la crise, puis demandé et obtenu des centaines de milliards pour leur propre survie.
Seule une économie financière complètement sous contrôle étatique est à même d’empêcher le retour des bonnes vieilles pratiques. Et par la même occasion, tant qu’à tenir ces messieurs sous contrôle, on peut aussi en profiter pour jauger et juger leur degré de responsabilité, et leur faire payer directement les coûts de reconstruction en procédant à de pures et simples prises de guerre.
Ce ne serait que moral que les responsables payent après avoir honteusement profité des décades durant de rentes de situation et permettent ainsi au monde de se redresser.