Quand on a lu les Chroniques Napolitaines de Jean-Noël Schifano, somptueusement habitées par le crime et le sexe, on ne peut guère être surpris par la présence d’un Musée Hermann Nitsch, ouvert il y a quatre mois dans une ancienne usine électrique au dessus des Quartiers Espagnols, surplombant la ville. Hermann Nitsch réalisa deux performances particulièrement sulfureuses à Naples en 1974 et 1996, et la galerie Morra, qui alors l’accueillit, a créé ce Musée, qui présente plusieurs des Actions du Théâtre des Mystères Orgiaques.
Comme toujours avec Nitsch, le sang coule à flot, les participants se déchaînent, une magie païenne se construit. Plein de retenue aujourd’hui, je ne vous montre ci-dessus qu’une seule image chargée d’hémoglobine, cette assemblée des concélébrants autour d’un sacrifice; mais en allant sur chacune des Actions listées sur cette page, vous aurez une profusion d’images. Je ne ferai pas ici une apologie de l’actionnisme viennois, et je ne peux cacher, comme tout un chacun je pense, un mélange de fascination et de répulsion. C’est une transposition moderne et païenne de rites à connotation religieuse, qu’on les fasse remonter à Mithra ou au Moyen-Âge, et cette transposition des rituels et des liturgies est passionnante. Mais sans doute faut-il y assister en personne, et les photos témoignages ne rendent-elles compte que faiblement de l’expérience qu’on aurait en prenant part à une de ces Actions.
Voici par contre, de haut en bas, le ‘magasin de couleurs’ alchimiques de l’artiste, avec chasubles brodées; puis une vue du Musée, le Vésuve au loin. Et enfin cette salle au sous-sol, noire, mystérieuse, comme un saint des saints.
Hermann Nitsch étant représenté par l’ADAGP, les visuels seront retirés du blog dans un mois.