Vent soleil eau

Publié le 28 janvier 2009 par Nicole Guichard


La ville qui marche au vent, au soleil, à l'eau : Perchées sur une éminence, les 28 éoliennes du parc de Druiberg, dans le centre de l'Allemagne, se repèrent à des kilomètres. En cette matinée claire et venteuse de janvier, les hélices tournent à un rythme rapide. Elles ne sont pas si bruyantes, surtout les plus récentes, fait remarquer le directeur technique, Thomas Radach. Il désigne avec fierté, au fond du site, l'éolienne la plus puissante du monde, d'une capacité de 6 mégawatts (MW).
D'ici quatre ans, la région du Harz, où se trouve le parc de Druiberg, prévoit de recourir exclusivement aux énergies renouvelables. Elle veut couvrir les besoins en électricité de ses 250 000 habitants grâce à un système combiné de centrales recourant aux énergies hydraulique, solaire, éolienne ou à la biomasse.
A l'aplomb de la colline, la petite ville de Dardesheim s'enorgueillit d'avoir déjà atteint l'autonomie énergétique. Cette commune d'un millier d'âmes produit annuellement quarante fois plus d'électricité qu'elle n'en consomme. Des installations photovoltaïques ont été installées sur les toits de l'école, de la caserne de pompiers et de nombreux particuliers.
En face de la mairie, un compteur indique aux passants la quantité d'énergie solaire produite en temps réel et d'émissions de CO2 ainsi économisées. En plus, c'est économiquement intéressant, car il est possible de revendre le surplus aux opérateurs du réseau, explique Ralf Voigt, l'adjoint du maire. Dardesheim sait pourtant qu'elle ne peut se contenter du vent et du soleil, deux formes d'énergie aléatoires car dépendantes de la météo.
Une centrale au biogaz a donc été construite à l'entrée de la ville. Enfin, pour compléter le dispositif, le parc éolien de Druiberg est désormais relié à une centrale hydraulique, à une trentaine de kilomètres. Deux énormes citernes y sont alimentées grâce à l'excédent d'énergie produit par les éoliennes. Lorsque le vent tombe ou que le soleil s'efface, les vannes des bassins sont ouvertes de manière à faire tourner deux turbines de 40 MW chacune.
Le même concept doit maintenant être étendu à une plus grande échelle dans le Harz. Le projet, lancé début décembre 2008, est subventionné à hauteur de 10 millions d'euros pour quatre ans par l'Etat fédéral. Le gouvernement considère qu'il s'agit d'un modèle pour l'avenir. Si cela fonctionne ici, notre système pourra être développé ailleurs en Allemagne, affirme Ulrich Narup, chef du projet.  Marie de Vergès-Le Monde 27.01.09