Les sénégalais se souviendront toujours de cette journée du 27 Janvier 2009, et n’en reviennent pas. Convoqué hier par les services du Ministčre de l’intérieur pour ętre entendu dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent dont on l’accuse d’ętre męlé, selon un communiqué du ministčre de l’Intérieur, l’ancien Premier ministre a déféré ŕ sa convocation dans l’aprčs-midi.
Une journée mouvementée pour le patron de l’APR, visiblement serein. De sa demeure au commissariat central, ŕ l’aller comme au retour, une foule nombreuse a accompagné Macky Sall, celui qui fut le premier ministre dont le président de la République disait que c’est grâce ŕ lui que ses projets sont sortis de terre, avant de s’installer au perchoir l’Assemblée nationale.
Ils étaient tous lŕ, proches amis, parents, membres de la direction de l’APR, et simples militants ou sympathisants. Habillé d’un costume, le leader de l’APR a quitté son domicile aux environs de 16 heures. Perchée au balcon de sa maison, sa douce moitié regardait les yeux hagards, le convoie qui s’ébranlait, méditant certainement sur le sort qui sera réservé ŕ son courageux mari. Avant de quitter son domicile, l’ancien président de l’Assemblée Nationale avait pris le soin de demander ŕ ses militants de rester chez eux le plus naturellement du monde, pour ne pas donner l’impression de troubler l’ordre public. Mais, rien n’y fit. Plus le convoi avançait, plus la foule s’agrandissait, avec spontanéité.
Tout le long du parcours, avec le direct des radios reporters, c’était des viva Macky ! Macky Président ! Macky … Macky … ! Au Rond Point Sandaga, commerçants et marchands ambulants n’ont pas voulu se faire raconter cette journée du 27 Janvier pleine d’enseignements. Un élément de réconfort pour l’homme fort de l’APR, mais certainement imprévisible de l’autre côté.
Puisque, si l’on se rappelle de la convocation de l’ancien premier ministre Idrissa Seck, il n’y avait pas autant de mobilisation pour le tout puissant premier ministre qui venait d’ętre démis de ses fonctions. Au niveau du commissariat central de la Sűreté urbaine oů les auditions avaient lieu, une foule innombrable attendait Macky Sall qui avait de la peine ŕ descendre de son véhicule, en compagnie de ses avocats. Il était presque 17heures. Les auditions avaient déjŕ démarré. Abou Abel Thiam, son conseiller en communication a été le premier ŕ ętre entendu.
Ensuite, ce fűt au tour de Me Alioune Badara Cissé, numéro 2 de l’APR dont on dit qu’il aurait partagé la męme classe avec un membre trčs influant de l’administration de la maison Blanche que dirige Barack Obama. D’ailleurs, selon une source proche de l’APR trouvée sur les lieux, Macky Sall ferait parti des invités de la maison Blanche et il devrait s’y rendre dimanche prochain. Cependant, des informations en notre possession indiquent qu’il pourrait ętre interdit de quitter le pays pour les besoins de l’enquęte qui se poursuit męme si Macky est retourné tranquillement chez lui, aux environs de 20 heures.
Une forte mobilisation
Des brassards rouges, il y en avait aussi. Des militants du Pds également. Les uns venus pour soutenir leur ancien frčre de parti, d’autres par curiosité ou par sympathie. Des T-shirt ŕ l’effigie de leur leader, des slogans inscrits sur des pancartes, des posters, rien n’a été laissé au hasard par les militants de l’APR, pour apporter leur soutien ŕ Macky Sall. Alors que ce dernier était entre les mains des enquęteurs, fusaient de partout des pas de danse, des cris, des chants, par moment favorables ŕ Macky Sall, mais aussi hostiles au Président de la République.
Tout s’est déroulé dans le calme, la correction et la détermination, ŕ l’image du leader du Nouveau parti, Mahmouth Saleh l’homme du Coup d’état rampant, des membres du bureau de l’APR, Sitor Ndour, Benoît Sambou chargé des questions électorales, et des députés Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lô les plus grands défenseurs de Macky Sall depuis maintenant 18 mois. Ce qui leur a valu d’ętre expulsés de l’Assemblée Nationale. Sans compter certains militants de l’APR venus expressément de l’étranger et qui n’ont pas connu le sommeil depuis deux jours. La sérénité se lisait sur certains visages et les plus fragiles faisaient couler des larmes.
L’apparition d’Abou Abel Thiam qui avait fini d’ętre entendu a redonné l’espoir ŕ la foule de raccompagner Macky Sall ŕ son domicile de Fann. Jusqu’au moment oů la police s’en męla pour demander ŕ la foule de vider les lieux. Et de la maničre la plus forte, parce que le service d’ordre usera des grenades lacrymogčnes pour disperser cette foule. Ce fut le sauve qui peut dans tous les sens. De l’avenue Ponty, ŕ la place de l’indépendance, jusqu’au marché Sandaga, l’odeur de gaz lacrymogčne se faisait sentir.
La presse qui a bon dos, en a eu pour son grade, puisqu’un journaliste de Canal INFO, un chauffeur de la męme chaîne, un photographe de PRESSE AFRICA.COM ont été brutalisés. Selon certains observateurs de la classe politique rencontrés sur les lieux, l’affaire Macky Sall serait une erreur politique, ŕ deux mois des élections locales pour le parti au pouvoir, et un retour de bâton pour d’autres. Une chose est sűr, Macky est rentré chez lui comme il était parti répondre ŕ une convocation de la police, accompagné de la męme foule avec la męme détermination. Cette fois-ci sans son passeport.