Zulu de Caryl Férey

Publié le 26 janvier 2009 par Babs


Zulu de Caryl Férey est un grand, bon thriller. 
Je l'ai dévoré, happée par l'intrigue, l'atmosphère et le portrait d'une Afrique du Sud Post-Apartheid, à bout de souffle, sanguinolante et rugissante. Il m'a laissé le souffle coupé.
L'histoire ? Ali Neuman, chef de la police criminelle de Cape Town, compose en permanence avec trois fléaux qui ravagent la première démocratie d'Afrique : la violence, la drogue et le Sida. Les choses s'enveniment lorsque la fille d'un ancien champion du monde de rugby, est retrouvée sauvagement assassiné. Une drogue jusqu'à présent inconnue semble la cause du massacre. Alors qu'en parallèle il arpente les townships pour retrouver un jeune enfant qui a agressé sa mère; il entraine ses deux accolytes, dans une terrifiante enquête dont il sous-estime l'impact...L'Apartheid est peut-être terminée mais les rancoeurs subsistent, les complots politiques et les trafics aussi.
A deux reprises, j'ai du refermer le livre ou sauter quelques pages car le réalisme de certaines scènes de violence porté par cette écriture sèche et juste, était trop dur, trop cru. Mais j'ai eu aussi la gorge serrée par certains passages d'une beauté et d'une intensité dramatique qu'on photographie dans notre tête en réglant la luminosité pour pouvoir mieux l'intégrer.

Un vrai bon polar politique auquel il sait donner une couleur dramatique qu'il intensifie aussi par un univers musical de choix en citant à deux reprises Jeff Buckley ou Radiohead, des artistes "lyriques" dans leur univers, un lyrisme désespéré qui collent à la tragédie sudafricaine et à sa génération d'auteur...Tout comme Pelecanos, fan de musique, qui dans Soul Circus, distille au fil des pages, une musicographie très années 70 pour sublimer les bas-fonds de Washington... 
J'ai lu beaucoup d'ouvrages qui abordaient en toile de fond l'apartheid, écrit par des afrikaaners: André Brink dans ma "jeunesse" puis le prix nobel de littérature: Cotzee et plus récemment Troy Blacklays...Mais je n'avais pas encore lu d'ouvrages qui abordaient avec une vision aussi fine et réaliste cette période d'instabilité dans laquelle l'Afrique du Sud s'éveille paradoxalement à la démocratie. 
Je pourrai aussi continuer à écrire sur ces personnages écorchés, fièvreux...Mais je vous laisse le soin de faire connaissance directement avec eux, ils vous attendent à l'entrée de Cape Town.