Film : Twilight (Twilight: Chapitre 1, Fascination) (2009)

Publié le 27 janvier 2009 par Red

J'y suis allé avec deux potes et leurs copines respectives, autant le dire la salle était remplie de filles surexcitées ("han tu verras vers le milieu du film il se mettra torse nu sous le soleil") et le peu de mecs qui y avait étaient toujours en charmante compagnie, j'ai du être le seul mec célibataire du lot -l'intrus-, c'est frustrant (enfin pas quand y a Kristen Stewart à l'écran, on s'sent moins seul). Et puis bon ça prouve bien que le film est destiné aux adolescentes de 14 à 17 ans qui, après avoir vu le film se rushent sur Facebook pour rejoindre les nombreux groupes dans la veine du "I have unrealistic expectations in men because of Edward Cullen". J'ai plus vu le film comme un high-school-musical-vampirique, avec une histoire d'amour un peu plus recherchée que dans les films pour ados bas-de-gamme au succès toujours inexplicable, mais bon, les défauts restent les mêmes : abus de cliché, rythme lent, absence de surprises et dialogues plats.

Bon alors je n'ai pas lu le livre donc je me contenterai de juger la qualité du film. Les émotions passent sûrement plus facilement avec le bouquin vu que j'en ai pas ressenti des masses en fait en suivant Twilight au ciné. J'y suis allé aussi puisque True Blood m'a fait apprécier les histoires de vampire, j'apprécie la dimension métaphorique qu'ils prennent dans la série mais cet aspect-là est plutôt absent dans le film quand il s'agit de poser le doigt sur des thématiques intéressantes : la tolérance de l'inconnu dans True Blood, l'amour impossible dans Twilight. C'est limite.

On a vraiment un film qui joue trop sur les codes des films pour gamines hypnotisées par la beauté - hum, c'est relatif - de l'acteur principal : on joue la carte du héros qui plaît, qui-va-forcément-séduire, sans qu'on en retire une quelconque satisfaction d'un point de vue scénaristique. Le charme n'opère pas.
Edward Cullen est présenté comme l'objet de désir pour le public cible, et le film commet l'erreur de partir de ce point de départ là avec l'histoire d'amour impossible entre l'héroine sage aux tendances rebelles et le vampire mystérieux. Le nombre de plans rapprochés sur l'acteur est assez imposant. Alors certes c'est sûrement pour appuyer le côté hors-norme du personnage, l'aspect héros hors-du-commun mais ça m'a paru surtout trop conventionnel et faux.

On a aussi le malheur de devoir subir les nombreuses morales nauséabondes du genre. Le film joue beaucoup trop sur la facilité, les évidences : on se contente des dialogues faciles et réchauffés sur l'éthique ("et si j'étais le vilain ?" - bof) plutôt que se concentrer sur quelque chose de plus appuyé, moins élémentaire : la métaphysique.
Pourtant il y avait matière à faire quelque chose de vraiment bon et qui s'éloignait de l'histoire d'amour conventionnelle entre "adolescents", d'élargir l'étude des personnages sur un terrain moins mièvre mais non, dès qu'on pense que le film a une chance de développer ce potentiel - parce qu'il y en avait -, cette analyse sur le comportement vampirique différent de celui des humains et leur immortalité, on revient sur des classiques du genre, des répliques connues : "je veux vivre avec toi pour toujours". Peu convaincant.

Puis le film joue trop sur différents registres : le début plante le mystère, c'est assez prenant. Le reste est beaucoup moins rythmé, on se contente de suivre l'évolution de la relation qui passe d'impossible à possible avec un certain manque de subtilité dans l'écriture et la fin est rythmée avec des scènes d'action qui apparaissent sans qu'on sache trop ce que cela vient faire là : le ton du film est trop hétérogène.

Pourtant les acteurs sont assez bons. J'adore Kristen Stewart en soi, une actrice avec du talent, jolie, charismatique, du style Anna Paquin un peu. Mais là aussi son rôle n'a rien d'extraordinaire, le jeu intérieur est plutôt absent, on se contente de suivre les aventures d'une ado qui n'a d'hors-du-commun que sa soif pour le vampire Edward : le profil de la spectatrice lambda en somme.
Robert Pattinson est assez bon dans son rôle, plus complexe, j'irai presque jusqu'à dire que c'est lui qui sauve le film de la réelle médiocrité : il incarne plutôt bien le rôle du vampire cabalistique. Puis l'alchimie entre les deux est indéniable. Les acteurs tentent de se débrouiller avec la pauvreté du matériel scénaristique, c'est déjà un bon point.

Un dernier mot sur la réal (Catherine Hardwicke) : c'était assez mauvais. Bon elle a pas un tas de films dans sa filmographie, encore moins en tant que réalisatrice. Ça se sent un peu. Les effets spéciaux étaient très moyens, puis la mise en scène en général avait un goût d'inachevé. Pour un film de cette envergure (une adaptation surtout), c'est risqué. Puis le maquillage des vampires était à la limite du parodique. Heureusement que le choix des acteurs était correct.

En bref : Un film qui plaira aux adolescent(e)s parce que Edward Cullen représente parfaitement la métaphore du désir, c'est l'objet de désir du moment, un fantasme commun. Le reste n'aimeront pas : il y a des lacunes scénaristiques préjudiciables, une réalisation ultra-pauvre. Un film très très moyen mais qui heureusement n'est pas trop long pour ne pas s'ennuyer à proprement parlé.