Supplémenter ou non l'enfant en fluor, à partir de quel âge, pour quelle durée, à quel dosage et selon quel mode d'administration ? La réponse à ces questions est loin de faire l'unanimité.
Fluor : gouttes ou comprimés ne sont pas sans danger.
Marche arrière de l'Affsaps
L'agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé a actualisé le mercredi 26 novembre ses recommandations de 2002.
Après avoir fait marche arrière en 2002 sur la nécessité de supplémenter les femmes enceintes en fluor, l'Affsaps revoie aujourd'hui ses recommandations sur l'administration de fluor aux nouveaux-nés. Alors qu'elle cautionnait la prescription systématique de fluor de la naissance à l'âge de deux ans, l'Affsaps donne aujourd'hui une directive contraire : l'administration systématique de suppléments fluorés par gouttes ou comprimés "paraît désormais inutile avant l'âge de six mois".
L’Afssaps rappelle que l’utilisation du fluor n’est qu’un aspect de la prévention de la carie dentaire.
Dangers d'une supplémentation systématique
Outre qu'elle n'est pas la panacée qu'on a voulu croire contre les caries, la supplémentation systématique en fluor présente des risques. En se cumulant aux autres sources d'apports fluorés (eau de boisson, dentifrices, chewing gum, sel), la supplémentation systématique fait courir à l'enfant un risque de surdosage. L'excès de fluor perturbe la formation de l'émail dentaire qu'il fragilise au lieu de renforcer. C'est la fluorose dentaire caractérisée par la présence de taches blanches indélébiles très inesthétiques. Sur le plan de la santé, l'excès de fluor aurait, d'après ses détracteurs, des conséquences néfastes sur le système nerveux, sur l'épiphyse, pourrait être responsable de cancers et d'une baisse de la fertilité. Administré pendant des années, le fluor aurait également un impact sur le métabolisme osseux favorisant l'apparition du terrain dit fluorique en homéopathie, caractérisé par un palais étroit et des dents mal implantées.
Pas de fluor par voie générale
Le rôle du fluor administré par voie générale (comprimés ou gouttes) est aujourd’hui considéré comme mineur quant à son impact sur le renforcement de l'émail dentaire. La prise de fluor par voie générale ne se justifie pas. Faire courir à l’enfant un risque non négligeable de fluorose pour un bénéfice mineur est aberrant. Ceux qui veulent profiter des effets protecteurs du fluor l'emploieront par voie topique (application locale de fluor par dentifrice, gel ou vernis). Attention, cependant, chez le jeune enfant, l'utilisation d'un dentifrice fluoré est déconseillée. Il faut éviter d’employer des dentifrices contenant du fluor chez l’enfant de moins de trois ans en raison des risques d’ingestion et d’intoxication potentielle. Attention donc aux dentifrices au goût de friandise (fraise, banane), dosés en fluor, dont l'enfant avale une partie en se brossant les dents.
Les parents doivent être également vigilants sur le choix de l'eau de boisson employée pour la préparation des biberons. La teneur en fluor de certaines eaux les rend impropres à la préparation des biberons (voir à ce sujet le Pratikadent, rubrique Fluorose).
Repenser la prophylaxie
Le fluor ne peut être l'unique réponse au problème de la carie dentaire et l'immunité naturelle contre les attaques acides des bactéries ne dépend pas uniquement du fluor. Des mécanismes biologiques permettent de comprendre les liens existant entre stress et carie, ouvrant ainsi des pistes prophylactiques complémentaires. Hygiène dentaire et hygiène de vie sont des clés incontournables en matière de prévention dentaire. Sans oublier que le tabagisme passif est chez l'enfant un facteur de carie. Parents, vous êtes prévenus.
En savoir plus sur l'emploi du fluor chez le nouveau-né et l'enfant, la fluorose ainsi que les moyens de la prévenir et de la traiter: le Pratikadent, rubrique Fluorose.