Trajet : De Navarrete à Najera
Aujourd’hui, encore sous la menace de la pluie qui ne tomba finalement jamais (je vais commencer à croire aux miracles), le chemin était entièrement dans la nature. Je ne passais dans aucune ville, ce qui, malgré le fait que je ne devais marcher que 16 kilomètres, donnait l’impression que je cheminais pendant beaucoup plus longtemps. La solitude pendant la marche commence à me peser. Ce que je vois et découvre est magnifique, mais à quoi bon voir tout ça si je ne peux le partager! Non vraiment marcher seul devient de plus en plus pénible. Heureusement qu’il ne reste que quatre étapes, car maintenant ce qui est le plus intéressant dans la journée c’est lorsque je retrouve Méli, et non plus le chemin.
C’est dommage, mais bien que parcourir le chemin seul me donne plus de temps pour réfléchir, j’ai besoin de compagnie. J’apprécie toujours le paysage, mais je trouve le temps long. Un peu avant d’arriver à Najera, notre destination, deux fauteuils étaient déposés en pleine nature. C’était la seule surprise de la journée. En plus, nous avons définitivement « perdu » tous les amis que nous nous étions fait, car nous avons fait 2 étapes en 3 étapes, au contraire de ces derniers.
Je sais, je sais, je m’en rends compte, mes écrits sont maussades, mais je me sens déçu par la tournure des évènements. Je ne suis pas déçu du voyage, car j’aurai passé de très bons moments, mais je sens que les journées de solitude à suivre seront difficiles. Quoiqu’il en soit, cela aura été l’une des plus belles expériences de ma vie, même si pour la vivre j’ai du souffrir physiquement et mentalement.
À ma grande surprise, la soirée m’a réconcilié avec le chemin. Moi et Méli avons passé une bonne soirée. Après le moment excitant où je lui ai fait découvrir ce que j’ai acheté à l’alimentacion, nous avons fait cuir des raviolis et les avons mangés en discutant avec un couple de français. C’était bien intéressant. Nous avons parlé du chemin, des différences de culture entre la France et le Québec, des choses à voir à Paris et même du débarquement de Normandie, ce qui fut un moment émouvant. Nous avons ensuite discuté sur nos lits, moi et Mélissa. Je suis prêt et motivé pour demain.
Il est 8h15, je vais terminer Les Coloriés.
P.S. : Il y a pleins de canadiens ici! Pas de québécois par contre.
Avec du recul
Tout au long du pèlerinage, ces genres de montagnes russes morales ont eu lieu à plusieurs reprises. La solitude me pesait un jour et me réjouissait l’autre. Le matin j’étais motivé et
l’après-midi non ou vice-versa. J’ai compris qu’il n’y avait rien de plus normal, surtout lorsqu’on se sent éloignés de nos proches.
En photos
Dans l'ordre de présentation :
(1) Une fidèle flèche jaune, signalisation pèlerine.
(2) Vous ne rêvez pas, je suis bien assis sur un fauteuil en plein milieu de nul part. Il semble que quelqu'un ait voulu créer un espace de repos pour les pèlerins. Merci au cycliste qui m'a pris
en photo!
(3) Un amas de roche formé par les pèlerins. On trouve de ces montagnes de pierres partout sur le chemin. Il s'agit souvent de pierres amenées du pays d'origine. Ces roches représentent les
problèmes et les maux du pèlerin, et lorsque celui-ci place l'une des ses roches sur l'un de ces monticules, ses problèmes, selon la légende, restent à cet endroit. Le pèlerin peut donc continuer
le chemin en paix. On peut également voir un symbole rouge et blanc, qui signifie que nous sommes dans la bonne direction.
(4) Un paysage de vignes et de terre.
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