Quand on a la chance de passer une grande partie de sa journée dans sa voiture, les opportunités de réagir à l'actualité ne manquent pas... Radio branchée en permanence, j'écoute, je m'énerve, je peste, et je remets un peu de musique... Je trouve quand même que certains propos choquants auraient tendance à provoquer des risques d'accidents tellement ils remuent d'émotion et d'incompréhension dans le passage des oreilles au cerveau...
Donc ce matin, je branche France Inter, toute contente (...) de pouvoir écouter les propos d'Eric Woerth et ses commentaires sur la grève de jeudi... Attention, ça décoiffe, je résume :
- il reconnaît la nécessité d'écouter les inquiétudes et les revendications en termes de relance de l'économie et du pouvoir d'achat (conditions de travail non abordées... étonnant...). Super! Vive le dialogue...
- la grève n'est pas une réponse, c'est une honte de "bloquer" tout un pays de la part des "fonctionnaires" avant tout, cela rajoute de la "peur", et "de la crainte à la crainte" alors que la crise est vraiment grave et que la tempête du sud-ouest n'a pas fini de faire des victimes.
- la grève est un comportement décalé dans le contexte international, la seule réponse que pourraient apporter ces foules c'est de "se démener", de "bouger", quoi...
Pendant que sous le poids des mots, je tentais de garder ma trajectoire, je constatais avec soulagement que Nicolas Demorand le journaliste en face, qui avait sciemment provoqué de telle réponses, tentait de pousser notre Eric Woerth préféré dans ses retranchements... Monsieur souhaite de l'unité nationale... dit-il avec force.
Très bien, je vais tenter de donner la définition de l'unité nationale selon Eric Woerth pour que tout soit bien clair pour tout le monde :
- les grévistes sont soutenus par 67% de la population, et lui fait partie des 33 % qui ne sont pas dans cette catégorie, et c'est dans ces 33% que doit résider l'unité nationale.
- les grévistes vont bloquer le pays : et les réformes qui bloquent les libertés, et le fait de montrer du doigt les fontionnaires, les grévistes, les chômeurs de longue durée dans l'impasse, pour monter l'opinion contre eux , c'est çà l'unité?
- les termes employés : "peur", "crainte", "tempête", "bloquer"... tendent à culpabiliser les grévistes... et le malaise social partagé n'est pas envisagé. L'unité dans la négation des réalités et dans la transformation des faits...
Bref, l'unité nationale selon le gouvernement c'est: tous en ligne droite derrière Sarko, pas une tête qui bouge ou je lâche les chiens...
M Eric Woerth, la crise mondiale n'est pas seulement financière, ce n'est pas qu'une crise économique virtuelle dont on viendra à bout à coups de sifflets. La crise sociale est bel et bien installée, vous l'avez orientée ces derniers mois par vos slogans priorisant le pouvoir d'achat avant la solidarité que vous demandez aujourd'hui, en implantant définitivement la loi du plus fort dans un pays où il n'est pas permis à tout le monde de "se bouger", de trouver l'énergie nécessaire pour vous souffler à l'oreille les solutions de la crise à coups de sacrifices pesant bien plus sur certains que sur ceux qui donnent des leçons.
L'unité, c'est au gouvernement de la mettre en place et de donner la voie, le souffle... Vous vous rendez compte que vous êtes à côté? Il était temps... En attendant, écoutez les cortèges, écoutez les non-dits... tout n'est pas sur les pancartes, la vraie vie se passe à côté de chez vous, et sur terre...
C'était le coup de g... du jour. Bon allez, je vais m'acheter Télérama pour me détendre :