Obama rejoint la longue cohorte des gauchers de la Maison Blanche
Les Noirs américains n'étaient pas la seule minorité à se réjouir mardi lors de l'investiture de Barack Obama. Les gauchers pouvaient eux aussi célébrer le retour de l'un d'entre eux à la Maison Blanche.
"Je suis un gaucher. Il faut vous y faire", a lancé le président alors qu'il signait ses premiers documents officiels sous les flashes des photographes.
Malheureusement pour les hommes d'image, Barack Obama a tranché en leur défaveur le dilemme auquel tout gaucher est confronté quand il doit écrire de gauche à droite.
Il couche son bras sur le document plutôt que de mettre celui-ci à l'horizontale avant d'écrire. Impossible donc de voir la signature.
Premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama vient en revanche rejoindre une longue cohorte de gauchers à la Maison Blanche.
Jimmy Carter l'était, tout comme George H.W Bush et Bill Clinton. Ronald Reagan était ambidextre et peut donc être revendiqué par chacun des camps alors que George W. Bush, qui vient de céder la place à Barack Obama dans le Bureau ovale, est résolument droitier.
Les gauchers étaient de toute façon assurés de conquérir la Maison Blanche lors de cette élection, John McCain, l'adversaire républicain de Barack Obama faisant lui aussi parti du club.
Il est plus difficile de trouver des exemples de présidents non droitiers dans un passé plus lointain en raison de l'aversion à laquelle les gauchers devaient faire face. Et elle ne date pas d'hier. En français, le terme "sinistre" vient du mot latin qui signifie gauche.
"Ce n'est pas surprenant que beaucoup de présidents soient gauchers. Les gauchers sont surreprésentés parmi ceux qui font preuve d'une grande capacité à se servir des mots", affirme Sam Wang, professeur de neurosciences à l'université de Princeton, à l'AFP.
"Il a été démontré qu'ils ont tendance à adopter une approche originale pour résoudre un problème, ce que dans des études universitaires on appelle la pensée divergente", souligne t-il.
Selon M. Wang, les gauchers utiliseraient les deux hémisphères du cerveau pour tout ce qui a trait au langage, plutôt qu'un seul, "ce qui pourrait expliquer les talents d'Obama, Clinton et Reagan pour la communication".
"Mais il ne s'agit pas d'un groupe monolithique, les gauchers sont aussi surreprésentés parmi les personnes souffrant d'un handicap mental...", a déclaré le chercheur.
Même si les gauchers sont souvent handicapés dans la vie de tous les jours par des objets conçus pour des droitiers --ciseaux ou cahier à spirales--, ils peuvent se consoler aujourd'hui en ligne et se retrouver entre eux.
Ainsi, "Les gauchers pour Obama" ont déjà attiré plus de 620 membres sur le site de socialisation Facebook et ils se rassurent à grand renfort de points d'exclamation.
"Je suis tellement enthousiasmée par le fait que le président soit un gaucher! Les gauchers sont forts mais ils réfléchissent, ils vous encouragent mais savent prendre les choses en main, autant de (qualités) dont vous avez besoin quand vous êtes président!", écrit une fan sur le site.
Plus sobre, le professeur Wang commente: "les gauchers se sentent agressés, on juge qu'ils sont différents, ils se sentent mis à l'écart".
"Ce sentiment d'être un laissé-pour-compte est très répandu parmi des scientifiques ou des artistes qui ont beaucoup de succès. C'est un paradoxe quand on pense qu'ils finissent leaders" dans leur spécialité !
Jitendra JOSHI
AFP