Les Gaulois devinrent de grands consommateurs de vin dès le IIème siècle av. J.-C ; il est alors importé de l'Italie romaine, devenue une grande productrice, comme en témoignent les amphores italiques de type Dressel I découvertes partout en Gaule. Le vin sert alors principalement des banquets parfois gigantesques, probablement offerts par l'aristocratie, qui se déroulaient lors de rituels religieux précis, dans des sanctuaires dont les traces abondent sur le territoire français (Corent, Gournay, etc.). Au Ier siècle ap. J.-C., les Gaulois deviennent à leur tour producteurs et surpassent bientôt l'Italie, tant par la quantité que pour la qualité de leurs vins. Ce talent vinicole ne s'est jamais démenti jusqu'à aujourd'hui, puisque les Gaulois restent de loin les premiers producteurs européens et mondiaux de vin, ainsi bien sûr que de grands consommateurs. Un autre de leur talent, la menuiserie et le travail du bois, explique qu'il soient aussi les inventeurs du tonneau, plus résistant que l'amphore de céramique et plus propre à la conservation du vin.
La Saint Vincent (22 janvier) est traditionnellement consacrée à la vigne et aux vignerons, dont le saint est le protecteur. De nombreux pays viticoles de France organisent alors des festivités qui traduisent l'attachement à cet art de vivre spécifiquement gaulois que sont la production (très complexe) et la consommation de vin. Reflet de la diversité des terroirs et des façons, la diversité des vins est la conséquence des choix successifs faits par des générations de viticulteurs qui ont modelé leurs terroirs autant que ces derniers les ont modelé. La culture française du vin, c'est donc l'exact contraire de la culture de la grande consommation mondialisée : héritage, diversité, aléas, enracinement, choix culturels additionnés, et non uniformisation, enquêtes "marketing", destruction des goûts et des préoccupations spécifiques par le harcèlement publicitaire, mort du hasard, donc de la joie.
Parmi les nombreuses fêtes de saint Vincent qui s'organisent cette année entre la fin janvier et le début de février, signalons celle de Chablis (Bourgogne), à une heure de Paris, qui se tiendra cette année à Beines les 7 et 8 février 2009.
Parce que ce sont les pratiques, les mentalités et les goûts communs qui fondent un peuple, il faut que les Gaulois perpétuent et inventent en permanence de nouvelles pratiques qui leur sont propres, si du moins ils souhaitent continuer à exister comme peuple.
Amaury P.