Quoi de neuf dans le RER A un mardi matin ? Tout, rien, la vie : on avance pour se faire une place au creux de la foule, on évite les regards malgré la proximité et surtout on lit par-dessus l’épaule du voisin : son journal, son livre (si, si je vous assure apparemment cela occupe) et même la correspondance que certaines personnes écrivent tranquillement sur leur siège. Question du matin : pourquoi lit-on ce que l’autre lit, écrit ? Qu’est-ce qui pousse l’usager à regarder ailleurs lorsqu’il n’a pas des baladeurs musicaux sur ses oreilles ? Question existentielle et révélatrice : l’herbe est toujours plus verte ailleurs! L’être humain a réellement du mal à se contenter de ce qu’il a et de ce qu’il est. Le message sonore « Attentifs ensemble » me sort de mes divagations matinales et me rappellent que nous sommes toujours de potentielles victimes d’attentats terroristes, dur réveil à la réalité. Dans d’autres pays meurtris, les gens n’ont pas le temps d’entendre ce message bienveillant et se prennent des roquettes en pleine tête... Alors mon rêve d’entendre un jour « Aimables ensemble » parait dérisoire…
Ces moments vécus dans le RER (valables également dans le métro) me permettent de faire une transition sur la grande grève annoncée de jeudi prochain. Le droit de grève a été chèrement conquis et je ne le conteste nullement. Le hic, car il ya un hic, est de constater qu’il y a un manque criant d’équilibre dans l’utilisation de ce droit. Les salariés dits du « privé » peuvent manifester. Ils le font parfois et lorsqu’ils ont courageusement décidés de ne pas travailler pour marquer leur désapprobation, leurs actions nuit rarement aux autres citoyens. Je sais que ce n’est pas politiquement correct de dire ouvertement que la grève dans les transports publics est agaçante et paralysante mais si l’on veut être cohérent avec soi même il faut aussi dire les choses sans tabou. Pour revendiquer de meilleures conditions de travail, plusieurs agents de la RATP et de la SNCF dégradent considérablement celles de milliers d’autres personnes. Est-ce juste ? Faut-il être en permanence solidaires et perdre une journée de congé pour que d’autres puissent obtenir leurs revendications ? Lorsque je suis compressée dans un wagon, évidemment je peste comme tout le monde. Cependant ces questions qui peuvent, dans un premier temps, sembler égoïstes et simplistes, posent une question cruciale : celle du choix de société que nous voulons. Votre avis ?