Ah, les fournitures de bureau !
La bête noire du service Achats.
Un des marchés les plus longs à traiter, pas forcément compliqué, mais lourd !
Comparaison des prix crayon par crayon. Chacun y tient à son uniball à pointe fine mais grip antidérapant.
Pointe demi-fine, extra fine, ultra fine…grip lisse ou grip ergonomique.
Il y a de l’affectif dans ce marché là.
Vous avez déjà examiné un catalogue de fournitures de bureau ? Des milliers de références. Je ne citerais pas de nom… mais leur taille est comparable à celle du bon vieil annuaire téléphonique et parisien, qui ne sert plus à grand-chose sinon à surélever quelqu’enfant mal assis. Les pires sont ceux dont les prix sont dans des feuillets à part et qui changent tous les 3 mois. Déjà il faut trouver le bon produit : la table des matières est succincte pour ne pas dire inexistante et comprend surtout des marques. Vous connaissez la marque d’un trombone vous ? Et d’abord le trombone est classé à attache-lettres. Après la référence, il faut trouver le prix. Donc vous vous trouvez avec un coude qui maintient ouvert le catalogue, l’autre bras sur le feuillet des prix, une règle à la main pour bien viser, un vieux stabilo agonisant dans l’autre main pour tenter d’isoler le bon prix… Et la quantité ? Vous avez pensé à la quantité ? Le prix c’est à l’unité ? Ah non, à la boite, mais la boite, elle est de combien ?
Et vous lâchez tout…
Et le prix de gros, c’est à partir de 10 boites ? Et les couleurs ? Rien de pire qu’un classeur d’une autre couleur, voire même d’une autre teinte, dans un bel alignement de classeurs au garde à vous. Enfin, pour ceux qui aiment. Et que ceux qui n’ont jamais reçu 20 boites de 25 classeurs au lieu de 20 classeurs me jettent la première pierre ! Et tous bleu pétrole. Et la Compta a marmonné : 3 ans de classeurs bleu pétrole. Pas écolo en plus !
Et la crise dans tout cela ? Elle vient compliquer les choses. Que la crise soit intérieure ou extérieure, genre crise économique, le premier effet est la restriction budgétaire dans l’entreprise. Les frais généraux sont trop importants ! Et qu’est ce qui trinque ? Les fournitures de bureau ! On dépense trop. Faites un audit sur les fournitures. C’est une vraie gabegie ici ! Alors on supprime le feutre, tout le monde réduit au bon vieux bic cristal. Tout le monde au classeur cartonné gris administration. Fini les couleurs flashy des chemises. Tout le monde en sous-chemise rose ou bleu layette, jaune pisseux, verdâtre ou bulle. Bulle ? C’est une couleur ça, bulle ?
Et on se frotte les mains : on fait des économies.
Oui, c’est vrai on fait des économies, quelques centaines ou milliers d’euros. Mais si on compte le temps passé que l’on multiplie par le nombre de personnes occupées à cette saine tâche, multiplié par le nombre de contrôles qu’il faut mettre en place, multiplié par le temps passé à surveiller son dernier feutre pointe ultra fine survivant, multiplié par le prix du logiciel ultra performant et sa maintenance pour gérer tout cela, multiplié par le temps passé à en parler… est-on sûr de faire les bonnes économies ?
Peut-être oui. Peut-être non. Mais c’est sensible. Tous les salariés se rendent compte que l’entreprise cherche à faire des économies, cela sensibilise aux économies. Il y a de l’affectif dans ce marché là ! D’ailleurs quand on dit : « je travaille aux achats ». « Ah, c’est toi qui gère les fournitures ? Je n’arrive pas à trouver la référence d’un stylo 4 couleurs… ». Intéressant comme vision non ? Grrrr.
Il n’en reste pas moins que le crayon disparait aussi pour d’autres raisons.
Vous avez remarqué ?
Dans certains bureaux maintenant, difficile de trouver un stylo qui marche, il faut apporter le sien ! Le clavier remplacerait-il déjà presque totalement le crayon ? Plus difficile d’apporter son clavier pour prendre des notes dans le bureau de son chef. Et la souris sur l’oreille ? Vous avez essayé ? Quoique déjà obsolète, bientôt tout le monde aura son ultraportable en sautoir.
La crise du crayon n’est pas finie…