Une petite ville des Flandres est secouée par le meurtre d'une jeune fille que l'on vient de retrouver dans le jardin public. La police, dirigée par le commissaire Jacobsen, s'efforce de trouver un coupable et un mobile à ce meurtre, mais est vite dépassée quand d'autres morts surviennent, qui ne semblent pourtant pas liées à la première affaire. Les visages se ferment, et les bouches plus encore sur le passé de cette petite ville tranquille, mais qui ne le fut pas autant au sortir de la guerre, les vieilles haines ressurgissent, les bourgeois s'enferment dans leurs belles demeurent et leurs certitudes et il faudra toute la finesse du commissaire pour dénouer les fils du drame qui remontent au passé trouble de certains habitants au moment de l’Occupation.
Jacobsen est, à l'instar de Jean-Baptiste Adamsberg, le héros des romans policier de Fred Vargas, un personnage atypique. Son passé semble trouble, il est secret, renfermé même. Il cherche les petits détails qui lui permettront de découvrir le ou les coupables des crimes affreux qui entachent la quiétude de la ville, mais suit, plus que les pistes concrètes, ses pressentiments, son flair. Il sera aidé dans ses recherches par une jeune enquêtrice venue de Lille, mais originaire de cette ville justement, et qui elle aussi devra pour éclaircir ce mystère, tenter de faire la paix avec son passé, avec elle-même et accepter de suivre ce commissaire étrange, qui l'attire et la dérange tout à la fois.
Un bien bon polar, comme je les aime ! Bien écrit, bien ficelé, avec des personnages profonds et aux caractères vraiment originaux. Avec le passé qui remonte à la surface et éclabousse les uns et les autres. Avec un vrai suspense. Et avec un dénouement qu'on ne devine absolument pas au fil de la lecture. Plus que la quête d'un criminel, ce sont les quêtes des hommes qui prédominent dans ce roman et j'ai très envie de retrouver ce Jacobsen dans d'autres aventures.
"Nul ne peut être blanc comme neige, ni vous ni moi. Nous sommes des aveugles, vous ne l'ignorez pas. Nous courrons après une vérité qui est en nous. Un suspect, un criminel, c'est toujours un bouc émissaire. Il porte deux bosses, celles de son crime, celle des crimes des autres, commis ou souhaités. Les pires salauds applaudissent à l'arrestation de l'un des leurs. Les parents indignes sont les premiers à hurler à la mort, à pousser le cri de haro quand on coince un pervers."
Ce livre est édité par Les éditions du Rifle, que je remercie pour le prêt.