L'enfumage sur les dividendes continue. Après Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré lors de ses voeux aux forces économiques que les entreprises aidées par l'Etat devraient devraient renoncer aux dividendes versés aux actionnaires, voilà Luc Chatel qui s'y met.
(source : http://www.liberation.fr/politiques/0101314797-luc-chatel-en-flagrant-delit-de-mensonge-sur-les-dividendes)
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Le secrétaire d'Etat à l'Industrie et à la Consommation, par ailleurs porte-parole du gouvernement, était interrogé ce matin sur BFM-TV:
"Est ce que les actionnaires vont toucher des dividendes?"
Réponse de Chatel : "Non. Nous avons indiqué que la règle à partir du moment où la collectivité publique, c'est à dire les contribuables, servait à soutenir une filière, eh bien il faut qu'il y ait des contreparties. L'une de ces contreparties, c'est que la priorité aux dividendes... s'il y en a, parce que je vais vous dire, malheureusement, la situation économique de ces entreprises fait qu'il ne serait pas surprenant qu'il n'y ait pas de résultats positifs dans cette période. Mais s'il y en avait, il y a une priorité absolue aux fonds propres et aux investissements. On ne peut pas imaginer qu'il y ait un choix de la part du conseil d'administration de dire : on va d'abord rémunérer les actionnaires".
En répondant "non" à la question de Bourdin ("les actionnaires vont-ils toucher des dividendes?"), Chatel ment. Car si Nicolas Sarkozy, le 15 janvier, avait effectivement placé la question des dividendes parmi les contreparties exigées des entreprises aidées (au même titre que le gel des bonus des dirigeants), le sujet a progressivement disparu dans les jours qui ont suivi.
Le 21 janvier, le mot "dividendes" ne figurait d'ailleurs pas dans le communiqué de Bercy précisant les modalités du versement de la deuxième tranche d'aides aux banques (10,5 milliards d'euros à nouveau).
La prose de Bercy est très floue sur la question de la rémunération des actionnaires : "la priorité sera accordée par les banques au renforcement de leurs fonds propres dans l'affectation des résultats 2008".
On a connu formulation plus contraignante.
Un banquier reconnaissait d'ailleurs dans Libération, le 22 janvier : "Le gouvernement a ajusté son discours. Il a compris que ce n'était pas dans l'intérêt de la France de dire "zéro dividende". Cela aurait été très mal perçu par les actionnaires".
Visiblement, le gouvernement a aussi compris que ce n'était pas dans son intérêt d'aviser les Français de l' "ajustement" de son discours.
Quant au pronostic de Chatel sur les résultats catastrophiques des entreprises, qui, à l'en croire, seront de toute manière dans l'incapacité de verser des dividendes, il concerne essentiellement Renault.
Les banques françaises (à l'exception probables des Caisses d'Epargne), devraient malgré la crise dégager des bénéfices.
Et les actionnaires, quoi qu'en dise Chatel, en profiter...