VOYAGE D'UNE PARISIENNE A LHASSA
A pied et en mendiant de la Chine à l'Inde en traversant le Tibet
Quatrième de couverture
"1924. Pour la première fois, une femme étrangère réussit à entrer dans Lhassa, capitale interdite du Tibet !
Huit mois auront été nécessaires à Alexandra David-Néel pour relever ce défi extraordinaire ! Huit mois d'un long périple à travers les immenses solitudes du "pays des Neiges". Huit mois d'une vie rude et dangereuse sous l'apparence d'une mendiante tibétaine!
A une époque où personne ne parle de "raid", et encore moins quand il s'agit d'une femme, c'est un magnifique exploit et une aventure exceptionnelle que nous décrit ici l'auteur !
Elle y ajoute sa propre quête spirituelle, et ce regard fasciné qu'elle porte sur la civilisation tibétaine."
Une de mes citations préférées car elle illustre parfaitement ma propre conception du voyage:
"Ce qui constitue le plaisir du voyageur, c'est l'obstacle, la fatigue, le péril même.
Quel agrément peut avoir une excursion où l'on est toujours sûr d'arriver, de trouver des chevaux prêts, un lit moelleux, un excellent souper et toutes les aisances dont on peut jouir chez soi ?
Un des grands malheurs de la vie moderne, c'est le manque d'imprévu, l'absence d'aventure."
Cette citation n'est pas d'Alexandra David-Néel mais de Théophile Gautier, cependant elle aurait très bien pu sortir de la bouche de cette grande exploratrice dont je viens de finir le récit de voyage à travers le Tibet.
Quelle aventurière en effet! Téméraire, audacieuse, obstinée, déterminée! Quel personnage! Sacré tempérament!
C'est que, voyez-vous, cette traversée du Tibet qui lui aura pris 8 mois, 8 mois d'épreuves physiques et mentales à travers les montagnes du "Pays des Neiges" pour atteindre Lhassa, alors interdite aux étrangers, ce n'était pas vraiment un voyage pour le plaisir de voir Lhassa, mais plutôt une entreprise vouée à relever le défi porté aux voyageurs par les autorités de l'époque (1923)... une petite revanche personnelle en réalité, suite à un voyage précédent qui se solda par un échec alors que des soldats arrêtèrent son avancée vers la région interdite.
La cinquième tentative sera la bonne, foi d'elle! Et c'est accompagné de son fils adoptif, le lama Yongden (qui se révélera très utile lors de cette aventure), et tous deux chargés de sacs constituant à peine le minimum vital, qu'Alexandra David-Néel se met en route...
... à 55 ans, si mes calculs sont bons! Là je n'en reviens pas encore! Je parlais d'épreuves physiques et mentales plus haut (qu'elle ne surmonte d'ailleurs pas sans mal), mais c'est peu dire! Entre les kilomètres de marche dans les montagnes, sous la neige, le froid glacial, des journées sans manger, ni même boire parfois, les traversées de rivières suspendue à un crochet coulissant, les attaques de brigands, les nuits passées à dormir dans des conditions drastiques, et j'en passe, Indiana Jones, Rambo et toutes les équipes de Koh Lanta réunies ne lui arrivent pas à la cheville, je vous le dis moi, et je me demande sérieusement si j'arriverais à faire le quart de ce qu'elle a fait d'ici seulement 10 ans...
Et ce qui me fait particulièrement halluciner, c'est que ce ne sont pas vraiment ces épreuves ni les dangers naturels qui l'entourent (ah oui! j'ai oublié de mentionner les animaux sauvages...) qui l'inquiètent tout au long de son périple (non, ça c'est rien en fait), mais la peur d'être démasquée comme étrangère (elle voyage incognito, sous l'apparence d'une mendiante tibétaine) et reconduite illico à la frontière par les soldats tibétains.
"Ce qui était le plus fatigant et devenait même parfois pénible à l'excès dans l'existence que je menais, c'était le rôle qu'il me fallait constamment jouer pour ne pas trahir mon incognito. Dans un pays où tout se fait en public, je devais, jusque dans les actes les plus intimes, affecter des manières locales qui me gênaient affreusement."
J'ai beaucoup aimé d'ailleurs toutes ses anecdotes liées à ces "manières locales", elle décrit quelques habitudes tibétaines parfois peu ragoûtantes mais la façon dont elle les raconte est assez drôle. De même, toutes les situations où a elle a dû faire appel à ses talents de comédienne pour éloigner tout soupçon sur son identité m'ont beaucoup amusée. Ces quelques anecdotes d'aventure sont vraiment très instructives sur les moeurs tibétaines et permettent de mieux réaliser les risques et périls de son entreprise.
Ce qui m'a été le moins agréable dans cette lecture en fin de compte (et même pénible par moments), c'est la description des paysages (sans photo à l'appui, c'est en plus à la fois un peu frustrant et ennuyant) et les récits liés à leurs longues heures de marche.
D'une manière générale en plus par rapport aux voyages, je m'intéresse davantage aux rencontres et aventures humaines qu'à l'admiration des paysages, monuments, etc (qui ne me laissent pas indifférente pour autant cela dit), or notre exploratrice s'ingéniait justement à éviter toute rencontre pour éviter d'être démasquée, ce qui réduit l'opportunité du lecteur d'en savoir plus sur les Tibétains. Des rencontres, elle en fait malgré tout, mais elle ne s'épanche pas vraiment dessus.
Sa connaissance de leur civilisation et de leur langue est par ailleurs très très impressionnante! Quel dommage qu'elle n'ait pas souhaité s'étendre davantage sur le sujet ici, évoquant souvent le fait que le récit en serait trop long ou que le sujet prendrait trop de place. C'est justement ces passages qu'elle omettait exprès qui m'intéressaient!
Enfin, ce qu'elle a pu partager à travers ce livre est déjà culturellement très enrichissant, j'ai beaucoup aimé les quelques récits de ses brèves rencontres avec les Tibétains qui donnent une bonne idée de leur mode de vie de l'époque, de leurs moeurs, superstitions, croyances et traditions.
Visitez le site officiel d'Alexandra David-Néel.
Lu dans le cadre du défi
(PAL - 1, héhé!)
(DAL - 2 / reste 12