Aces and eights

Par Tepepa
Tim McCoy, à gauche
Sam Newfield
1936

Avec : Tim McCoy
Tim McCoy n’était pas un autre singing cowboy. Il était un vrai cowboy dans l’esprit, juste né quelques décennies trop tard. Parti dans l’ouest après avoir vu un show, il devint un expert en chevaux et lassos et devint fluent en langue indienne. Il s’enrôla pour la première guerre mondiale et devint colonel, mais démissionna pour retourner dans l’ouest et devenir Agent Indien territorial. Il entra à Hollywood en tant qu’expert technique, puis parvint à se faire embaucher comme acteur et devint une star. Le genre de mec qui ne peut que plaire à Flingobis.
Ce cursus plus grand que la vie explique son jeu intériorisé. Dans Aces and eights, il est presque un bloc fantomatique, une force en action que rien n’intéresse, ni la femme, ni l’argent (ou presque).
Aces and eights est intéressant à plus d’un titre : Tim McCoy est en effet un joueur de cartes, bien habillé, raffiné et jamais armé. Il est poursuivi par la justice, sa réputation le précède, il n’est pas le héros pur et dur des séries B, et à part une blague de temps en temps avec son sidekick (Jimmy Aubrey sans intérêt), rien ne semble pouvoir l’émouvoir. Bien sûr, il n’a pas l’air très net en dehors, mais il est bon en dedans, il protège les gentils des méchants, il déteste les tricheurs (il a cette belle phrase envers un tricheur : « You’re a disgrace to our dishonnorable profession ») et à la fin, il décide de ne plus jouer aux cartes. Ses armes sont ses poings, ou plutôt la force extrême de ses poignets qui lui permettent de désarmer ses adversaires. Au final, on ne sait pas trop s’il get the girl ou pas, peut-être, peut-être pas, ça entretient le mystère du personnage.
Le film reste un western de série B tout de même : intrigues, cavalcades, bastons, et surtout cette introduction présentant d’abord un topo sur la conquête de l’ouest (la Grande Histoire), puis un résumé de la fameuse ‘main de la mort’ (les deux as et les deux huit que tenait Wild Bill Hickcock avant de mourir, soit l’Histoire dans la Grande Histoire), puis le début de la petite histoire qui est ainsi relié à la Grande Histoire : notre héros Tim McCoy qui gagne une partie grâce au même jeu.
Mais
Aces and Eights se démarque par son personnage principal, et par le thème du poker (la pré-confrontation finale est en effet une partie de poker). Le film manque du coup un peu de rythme, et le manque de moyens est flagrant, tant au niveau des paysages que de la bande sonore du bruit de fond des saloons qui est une boucle qui se répète toutes les 5 secondes, et qui est la même de saloon en saloon. Néanmoins, même fauché, Aces and Eights fait honneur au genre et permet de passer un bon moment en compagnie de cette génération disparue qui opéra le passage de témoin entre l’ouest, le vrai, et l’ouest du Western.
Où le voir: http://www.publicdomainflicks.com/0198-aces-and-eights/