Malgré ses grandes dimensions, l’écran IMAX se présente tel un micro-monde en 3D. L’image semble être comme un modèle réduit et cette impression est accentuée quand les images semblent effectivement en relief, chaque figure semblant se détacher sur un fond indifférencié. De quel monde nous parle l’IMAX 3D? Quelle est sa narration spécifique? Il serait pour le moins naïf de penser que cette forme technique n’est qu’instrumentale et amène un effet supplémentaire à des images existantes déjà en droit. Ce serait comme penser que de la vidéo sur Internet ne change que de support de communication mais ne change pas de nature même. Car finalement cette idée repose sur l’impression que la diffusion et la réception sont deux phénomèmes distincts et plus encore que les objets sont indifférents aux sujets qui ne sont que des réceptacles. L’IMAX 3D est un monde qui reste encore aujourd’hui inexploré et qui pourrait nous faire redécouvrir ce monde que nous n’avions cessé de visiter découpant des figures sur un fond (Francis Bacon), un monde de miniatures dans lequel les individualités sont saillantes puis se confondent dans des ensembles formant des masses opaques et indéterminées. Le monde est vu tel un jouet, un modèle réduit, morale du joujou dont parlait Baudelaire, les distances sont déterminées par l’espacement du regard, chaque chose converge par rapport à cet observateur (la caméra, le spectateur) qui rend net ou flou les choses.
“Il est une espèce de joujou qui tend à se multiplier depuis quelque temps, et dont je n’ai à dire ni bien ni mal. Je veux parler du joujou scientifique. Le principal défaut de ces joujoux est d’être chers. Mais ils peuvent amuser longtemps, et développer dans le cerveau de l’enfant le goût des effets merveilleux et surprenants. Le stéréoscope, qui donne en ronde bosse une image plane, est de ce nombre. Il date maintenant de quelques années” (Baudelaire)
Sans doute ce monde-ci est-il encore peu abordé par les productions industrielles actuelles qui n’ont pas le temps de perdre ce temps pourtant précieux d’une attention accordée au médium tant du côté du récepteur que du diffuseur. Que peut raconter l’IMAX 3D, ce micro-monde, que le dispositif cinématographique classique serait bel et bien incapable de narrer?