En ce début d’année, Bernard Campiche fait paraître Le Livre des écrivains associés du théâtre de Suisse (eat-ch), dans sa collection de théâtre Enjeux, un tour d’horizon des dramaturges romands, un « instantané de l’histoire de l’écriture théâtrale en suisse francophone ».
Ce gros volume, ouvrage de référence de l'association, comme une anthologie, vise à présenter les auteurs. En effet, ceux-ci répondent, avant de livrer un extrait d’une de leurs pièces, à la question : « Pourquoi écrivez-vous du théâtre ? ». Suivent une courte biographie de l’auteur ainsi que sa bibliographie.
L’idée d’une association d’auteurs de théâtre a d’abord germé en terre française. Le succès est tel que plus de deux cents membres revendiquent ensemble, en 2001, qu’ « il y encore à dire ».
L’association helvétique est alors créée, à son tour, en 2004. A l’instar du modèle français, c’est une révolution dans les théâtres de la région. L’élan est soutenu par l’éditeur Bernard Campiche qui, grâce à sa nouvelle collection, met en lumière de jeunes dramaturges et, surtout, sauve quantitié de pièces de l’inédit.
Petit bijou contenu dans ce livre, en outre des extraits choisis, les quelques pages historiques de Joël Aguet, qui, du Moyen-Âge à nos jours, de « l’éveil des auteurs dramatiques romands » à leur florissante actualité, en passant par l’après-guerre, nous fait l’histoire du théâtre suisse romand.
L’introduction d’Anne Fournier, quant à elle, esquisse admirablement la conjoncture actuelle du théâtre romand.
Plusieurs générations d’auteurs se télescopent. Odile Cornuz suit Nicolas Couchepin qui suit Anne Cuneo. Figurent également : les jeunes Sandra Korol et Bastien Fournier, les (presque) classiques : Michel Viala (dont le théâtre est réédité en deux volumes par Campiche) ou René Zahnd. D’autres plumes connues : Amélie Plume, Jacques Probst, ou encore Yves Laplace, qui, parlant de son rapport à l’écriture théâtrale, déplore, alors qu’ « on fait théâtre de tout » - romans, faits divers, etc. - qu’on ne reconnaisse plus le théâtre « sous le masque, sous le nom, sous le genre qu’il s’était donnés. »
Heureusement, l’ambition de cette association, qui est justement de contrer la dénaturation du théâtre et d’en faire le plus possible, semble être reconnue non seulement par les metteurs en scène, mais également par le public, qui a autant de plaisir à voir se jouer le texte d’un auteur de sa région que du « Shakespeare revisité », ou une pièce de Molière.