C'est dimanche! je ne vous apprends rien j'espère! et quand je remonte -piolet et sac au dos- dans mes souvenirs d'enfance, l'image qui s'associe (de strasbourg) à ce jour tranquille de la semaine (enfin si ça dure...) c'est celle de mon père enveloppé dans son grand tablier bleu, noué à la taille par les fines mains pianoteuses de ma mère. Pour la suite de l'aventure dominicale on avait au choix la découpe du poulet ou celle... du roti de boeuf ou de cheval (et oui le pov. cheval , pour le boeuf on a pas les mêmes scrupules...) accompagné dans le plat de service par des pommes chips- celles qui faisaient des vagues- et que l'on tiédissait cinq minutes dans le four encore chaud! un peu de cresson jouait le rôle du légume vert, il faut dire que dans les cuisines du sud bretagne, de l'époque, ce qu'on appellait légumes ressemblait en général à des patates, éventuellement du choux-fleur (béchamel) ou encore à l'occasion des épinards (béchamel toujours) mais ça n'allait guère plus loin! Le dimanche, à la maison c'était papa qui gérait la cuisine, depuis les courses jusqu'à la vaisselle, et voilà! ils s'étaient organisés comme cela les parents, et entre nous, pour le menu c'était mon jour préféré, d'abord parce que maman la préparation des repas, je sentais bien que c'était pas son truc, et d'ailleurs un jour où pour la fête des mères, je lui avais offert un bouquin de cuisine, je devais avoir dix ou douze ans , j'ai bien vu qu'elle n'était pas franchement enchantée par le cadeau, moi qui avais voulu pour une fois ,faire original , d'habitude j'achetais des fleurs ou une plante et elle me disait avec de gros poutoux,"merci mon chéri" là j'ai bien vu qu'elle se forçait un peu; cela m'a vexé (elle aussi certainement...) mais comme elle, j'ai rien dit - la psychanalyse n'avait pas encore franchi les portes de nos demeures familiales et l'on était plutôt du genre à garder les "choses" pour soi, depuis on prend ses aises avec son égo, j'sais pas si on va mieux pour autant, mais que voulez-vous " l'étang change". Et j'en viens donc maintenant après ce "léger" préambule, à ce qui m'amène aujourd'hui à rythmer les touches du claviote- Je me suis dit, "tiens! ça fait longtemps que je n'ai pas donné de recette de cuisine", et comme la météo ne pousse pas forcément à la promenade, rien de tel que rester chez soi et sortir les casseroles, enfin c'est un point de vue, si vous préférez la broderie ou la belote ou...vous faîtes comme ça vous chante! Je vous parlais tout de suite de casserole mais si vous avez ça en stock il vaudrait mieux pour cette fois, un faitout, une marmite...vous savez le genre de vieux machin un peu lourdaud et en fonte et qui saute allègrement les générations. Ce que je vous propose ce n'est pas un plat de mon enfance, oh que non! on ne savait même pas que ça existait ces choses là...C'est une recette que m'a donné mon beau-père (je m'excuse d'avance de dilapider ainsi le patrimoine) qui cumule des racines, picardo- vietnamo- indiennes...vous mettez ça dans l'ordre que vous voulez, de toutes façons maintenant il vit en aveyron, et vive les mélanges! Au départ après avoir fait des courses à socali (ce n'est pas de la pub détournée, j'aime bien cet endroit c'est tout) et acheté du bourguignon, il allait de soi que le plat du jour aurait pu être justement comme son nom l'indique! Et bien non! grâce à des conseils avisés, du genre "Et si tu faisais un cari?" j'ai donc pris avec mon boeuf (pas sacré) la route des indes. Le cari est un plat qui aime bien se faire mijoter et dorloter tranquillement , le bourguigon se prète donc parfaitement à l'affaire. J'ai d'abord découpé en petits morceaux la viande- on va dire un kilo pour 5 ou 6- ensuite vous la faites revenir avec un peu de matière grasse dans votre cocotte, histoire qu'elle se dore gentiment. puis vous réservez. Ensuite dans la graisse qui se laisse aller dans le fond de la galetouze, vous faîtes revenir trois ou quatre oignons émincés finement; Ensuite et c'est là que c'est à vous de choisir soit vous rajoutez 2, 3 cuillérées à dessert de poudre de curry-le mélange est ainsi tout préparé- je vous conseille la marque -rajah- qui est plutôt pas mal, soit vous décidez de faire vous même votre préparation et pour cela il vous faudra du curcuma (attention ça tache) des feuilles de cari, des graines de cardamone, de l'anis étoilé, des clous de girofle,du fenugrec, du poivre,gingembre, des graines de pavot, du cumin, éventuellemnt du garam masala...mais tout cela est à tittre indicatif bien sur, parce que c'est un peu comme pour le couscous ou la paëlla suivant les régions il y a de multiples variantes! ce qu'il faut savoir quand même c'est de ne pas abuser du curcuma ou du garam masala, ce serait trop fort et puis les épices en grande quantité, pour les estomacs fragiles...Donc vous mettez le mélange d'épices à roussir quelques instants avec les oignons ça va faire ressortir leur parfum, vous touillez un peu en même temps, vous rajoutez un peu d'ail écrasé, et ensuite vous y versez le contenu d'une boite de lait de coco, vous pouvez mettre aussi de le crème de coco mais ce sera plus épais. vous salez votre mixture et vous y rajoutez la viande, l'important étant qu'elle soit recouverte par le liquide. si c'est trop juste complétez avec un peu de lait. Ensuite vous laissez mijoter lentement mais surement- il faut que la viande soit moelleuse, alors ça demande un peu de temps, essayez une bonne heure déjà, goûtez rectifiez l'assaisonnement , quand ça commence à parfumer cuisine et alentour, c'est bon signe! pour accompagner rien de tel qu'un riz long nature basmati ou thaï, c'est comme vous préférez! et pour la boisson à vous de voir mais par pitié pas de coca!!! vous m'en direz des -bonnes- nouvelles ,enfin j'espère!
Petite précision, la photo d'illsutration je l'ai empruntée, je voulais immortaliser mon "oeuvre" mais les morfalous sont passés avant et un cliché de fond de gamelle, ça aurait pas fait terrible...