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Et aprÈs

Par Rob Gordon
Et aprÈsÀ propos de Gilles Bourdos : il FAUT voir Inquiétudes, son deuxième long, adaptation torturée et tortueuse d'un roman de Patricia Highsmith dont j'ai oublié le titre. Il faut aussi voir Disparus, son premier film, joué également par Grégoire Colin. Car Gilles Bourdos est un excellent metteur en scène. Reste à savoir pourquoi il a accepté de porter à l'écran le roman de Guillaume Musso, l'un des chefs de file du roman de gare français. Car si le style rudimentaire de Musso est ici effacée par le savoir-faire technique et stylistique de Bourdos, la vacuité et la démagogie de la trame sont impossibles à dissimuler.
Cela commence pourtant moins mal que prévu, avec une mise en bouche rapide, un rien violente, mystérieuse et mystique. On y croit dix bonnes minutes, le temps qu'apparaisse le personnage joué par John Malkovich, un médecin qui voit un halo blanc envelopper toute personne qui va mourir dans un futur proche. C'est le début de la fin : pourtant armé de bonnes intentions (à l'image de l'auteur), le docteur fiche tout en l'air en ne répondant aux questions du héros que par d'autres questions encore plus floues. En quelques scènes, on aura vite compris que Et après n'est qu'un gigantesque ventilateur, qui grasse de l'air encore et encore mais ne sait faire que ça. La fin nous donnera d'ailleurs raison : pas de twist final comme c'est légion dans ce genre de film, mais une sorte d'impasse absolument inintéressante et stupidement lacrymale. Ce non-dénouement ne fera que décupler l'impression générale laissée par le film, celle d'un grand blabla sans queue ni tête.
Un cancéreux de 17 ans revendiquant son droit à la vie, un nourrisson mort, la famille délaissée des victimes d'un accident d'avion... Ainsi donc, ce qui se dit sur l'univers de Musso est vrai : on n'y croise que des gens blessés par la vie, victimes du destin, mais fondamentalement bons. Des personnages qui sentent autant la guimauve que la réflexion proposée, sorte de gros gloubi-boulga mêlant sans discernement l'amour, la mort, la religion, la conscience, le libre-arbitre au travers de dialogues ressemblant de plus en plus à des refrains de Lara Fabian. Surtout lorsqu'ils sont déclamés par un Romain Duris sur la mauvaise pente, aussi peu convaincant que dans Paris (dans lequel il jouait déjà un jeune homme condamné), la barrière de la langue en plus. Il est bien difficile de trouver convaincant un acteur qui semble buter sur la moitié de ses répliques. John Malkovich est sauvé par sa totale froideur malgré un personnage ni fait ni à faire, et Evangeline Lilly est un charmant pot de fleur ne confirmant pas les promesses de Lost. Il faut dire que même les meilleurs acteurs du monde n'auraient pu empêcher certaines scènes d'être parfaitement risibles, notamment celles où l'on retrouve le couple en flashback. Tout de blanc vêtus (symbolique, quand tu nous tiens), ils gambadent et virevoltent sous une pluie de petites plumes blanches, comme dans une publicité pour Cajoline. Le tout étant juste censé signifier le bonheur conjugal. Ahem.
Ces quelques séquences grotesques mises à part, Bourdos fait preuve d'une certaine mesure dans sa mise en scène. L'image est souvent belle et pas trop racoleuse, mais ne ressemble ici qu'à un gros paquet-cadeau sous lequel il n'y a qu'une grosse boîte en carton désespérément vide. Et après n'est pas le film le plus con du monde comme on pouvait le craindre, c'est juste la plus grosse baudruche qu'on ait vue depuis fort longtemps, portant sacrément bien son titre. Un échec au box-office américain condamnerait vraisemblablement Gilles Bourdos à revenir tourner en France, ou en tout cas à revenir à des projets plus modestes et donc plus proches de ses aspirations de base. On souhaite donc au film de se planter en beauté.
2/10
(autre critique sur Une dernière séance ?)

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