Dans mon temps, on marchait pour aller à l'école!» Cette phrase n'a jamais été aussi vraie puisqu'une étude démontre qu'aujourd'hui seulement 30 % des enfants qui fréquentent l'école primaire marchent ou prennent leur vélo pour s'y rendre.
Crédit photo : Paw Paw 67/FlickR
L'étude, réalisée par une équipe de chercheurs dirigée par le professeur d'urbanisme de l'Université de Montréal Paul Lewis, a été menée de 2006 à 2008 sur les quartiers centraux et les banlieues des régions de Montréal et Trois-Rivières.
Des jeunes plus sédentaires
Les chercheurs de l'Université de Montréal ont d'abord consulté des études déjà effectuées sur le sujet. Ils ont découvert qu'en 1971 environ 80 % des jeunes écoliers marchaient pour se rendre à l'école. En 2008, cette tendance est presque inversée, alors que 70 % des enfants empruntent un mode de transport motorisé pour aller à l'école. Ces données sont problématiques dans la mesure où la majorité des enfants n'atteignent pas le minimum de 60 minutes d'activité physique par jour recommandé.
Le déclin de la marche et de la bicyclette
L'enquête menée par le Groupe de recherche Ville et mobilité visait à identifier les obstacles à la pratique de la marche et du vélo chez les élèves du primaire. Selon le professeur Lewis, «la diminution de la pratique de la marche et du vélo dans les sociétés occidentales est la conséquence d'une sédentarisation globale de nos modes de vie». Le déclin s'expliquerait aussi par les nouvelles façons d'occuper le territoire, notamment par le phénomène d'étalement urbain, la dispersion des activités, l'augmentation des distances à parcourir ainsi que par les horaires de plus en plus chargés.
Une question de géographie
La forte présence des écoles privées et des écoles publiques à vocation particulière a favorisé la dispersion géographique des élèves. Le phénomène du «magasinage scolaire» accroît la distance entre le domicile et l'école, qui ne se trouve plus nécessairement dans le quartier de résidence, ce qui a pour effet de dissuader les jeunes et leurs parents d'opter pour la marche à pied ou le vélo comme moyens de locomotion.
Le rôle des parents
Le déclin de la marche et du vélo s'explique également par les habitudes de vie des parents. Ces derniers ne montrent pas toujours le bon exemple à leur enfant. M. Lewis a noté que la grande majorité des parents a tendance à utiliser la voiture pour conduire les enfants à l'école, même si celle-ci se trouve tout près de la maison. Un des facteurs qui pousserait les parents à utiliser leur véhicule est de nature sécuritaire. Dans les milieux urbains, les parents craignent pour la sécurité des enfants. Dans ce cas, la sécurité prévaut sur la santé des jeunes, a remarqué M. Lewis.
Des mesures pour faire marcher les enfants
À la suite de ces résultats révélateurs, les chercheurs ont émis trois recommandations afin de favoriser la pratique de la marche et du vélo chez les écoliers. Ces recommandations visent le réseau scolaire, les villes et les parents d'élèves de niveau primaire.
1- Le réseau scolaire doit s'imposer comme un promoteur de la santé, ce qui signifie notamment que le potentiel de marche devrait être davantage considéré lorsqu'on décide de fermer ou d'ouvrir une école, ou que l'on détermine dans quelles écoles seront offerts les programmes à volet particulier.
2- Le cadre urbain actuel, qui n'est pas sans danger pour les écoliers, doit être radicalement modifié. Il faut plus que sécuriser les abords des écoles; les mesures d'aménagement doivent porter sur l'ensemble du milieu urbain, de façon à améliorer les conditions de sécurité partout où les enfants (et les adultes) sont susceptibles de circuler. Il est impératif de redonner l'espace aux piétons et cyclistes sacrifiés au profit de la fluidité automobile. Il faut aussi encourager le transport collectif et surveiller de façon plus serrée le respect des limites de vitesse par les automobilistes.
3- Les habitudes de déplacement des enfants étant fortement déterminées par celles des parents, les enfants les plus susceptibles de marcher vers l'école sont ceux dont au moins un des parents marche ou utilise le transport collectif. Si les parents ne sont pas convaincus de l'importance de la marche quant à la dépense d'énergie quotidienne et à l'apprentissage de l'autonomie, et s'ils n'acceptent pas de laisser leurs enfants marcher, seuls ou accompagnés, pour aller à l'école, ces derniers ne marcheront pas.
Une résolution pour toute la famille
À l'heure où le taux d'obésité chez les enfants est de plus en plus inquiétant, il est essentiel d'adopter de saines habitudes de vie dès le plus jeune âge. Cette année, pourquoi ne pas prendre comme résolution celle d'accompagner vos enfants à l'école... en marchant ou en pédalant? Toute la famille en bénéficiera!
Si vous souhaitez obtenir plus d'information concernant cette étude, vous pouvez consulter le site du Groupe de recherche Ville et mobilité de l'Université de Montréal ou visiter le site de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Bonne journée,
Marie claude
ref;Par Marie-Hélène Poirier , Journaliste ,service-vie.com