… ça peut aider, comme dans le cas de l’avion de ligne qui a amerri sur l’Hudson River le 15 janvier. Car avant de se transformer en hydravion, l’Airbus 320 souffrant d’une indigestion de pâté d’oies sauvages a “tout simplement” plané.
Combien de temps ? Quelle distance a-t-il parcouru ? Comment le pilote a-t-il pu controler son appareil ?
Une des caractéristiques les plus importantes d’un planeur est sa “finesse” : c’est le rapport entre la distance horizontale parcourue et l’altitude perdue, dans de l’air calme. La finesse est un optimum du “taux de chute” défini comme le rapport entre la vitesse de vol et la vitesse de chute, que l’on représente dans un diagramme “polaire des vitesses” qui dépend de la construction de l’aéroplane et notamment du profil aérodynamique de son aile
polaire des vitesses d'un planeur des années 1960
La polaire ci-dessus montre que ce planeur ne descend que de 0.8 m/s en volant à 75 km/h, soit un taux de chute d’environ 26, mais la tangente tracée depuis l’origine indique qu’en volant à 85 km/h, le vélivole pourra parcourir 27 km en descendant de 1000m. A remarquer que la finesse ne dépend pas de la charge alaire : un planeur alourdi par des ballasts d’eau voit sa polaire décalée vers les hautes vitesses : on obtient la même finesse, mais en volant plus vite
Polaire d'un planeur moderne
Pour un lourd gros porteur, on peut s’attendre à ce que la vitesse optimale soit élevée. Lors de l’incident du “Planeur de Gimli“, un Boing 767 tombé en panne sèche en plein vol en 1983, le pilote avait trouvé expérimentalement que la vitesse optimale se situait autour de 400 km/h, et avait obtenu de son zinc une finesse proche de 12, soit l’équivalent d’un bon parapente actuel.
Les données sont difficiles à trouver, mais il semblerait qu’un Airbus 320 ait une finesse de l’ordre de 15 à 20, le tout nouveau A-380 arriverait à 25 et l’A-330 à près de 30. Ce sont donc des planeurs tout à fait honorables, mais très rapides.
En tombant en panne à environ 1000m d’altitude, l’Airbus du vol 1549 d’US Airways pouvait donc parcourir environ 20 km à la vitesse de 400 km/h, soit environ 3 minutes de vol. C’est court, mais ça permet de consacrer quelques secondes à la prise de décision, puis de se préparer à “se vacher” le moins mal possible.
Mais encore faut-il pouvoir piloter l’engin. Dans un planeur, de petits cables actionnent les gouvernes, mais dans un Airbus ce sont des circuits hydrauliques à commande électrique. Sans moteurs, plus de pression d’huile, plus de génératrice, plus de cette énergie vitale dans les avions modernes. Heureusement, il y a le RAT.
Le “Ram Air Turbine” est une éolienne d’environ 80 cm de diamètrequi sort automatiquement d’un logement en cas de panne d’énergie et fournit les quelques kilowatts * nécessaires pendant la descente en vol plané. L’hélice entraine directement une pompe hydraulique sur les Airbus, où l’huile fait tourner ensuite une génératrice électrique. Sur les Boeing c’est l’inverse : le RAT produit de l’électricité qui alimente le groupe hydraulique.
Note * : A ceux qui voient là la preuve qu’une petite éolienne peut produire beaucoup d’énergie, je rappelle juste un détail : ça marche avec 400 km/h de vent, et à cette vitesse on peut effectiveemnt produire 25 x plus de jus qu’à 80 km/h…