Il reste beaucoup à faire sur le front des OGM, de la malbouffe en général ainsi que toutes les substances dangereuses qui envahissent notre environnement. L’actualité c’est roquefort contre poulet ou boeuf aux hormones américains. J’y reviendrais bien évidemment !
Petit rappel des faits…
Outre que la guerre du «lait cru» remonte à une bonne dizaine d’années, menée en Europe sous la houlette de nos amis (?) britanniques bien instrumentalisés par les Américains qui ne jurent que par l’asepsie la plus totale (ne vont-ils pas jusqu’à laver leurs poulets à la Javel ? on n’en parle plus aujourd’hui mais nul doute que cela reviendra bien vite sur la table… pas la mienne en tous cas !) l’offensive menée depuis quelques années par Lactalis et Isigny a consisté dans un premier temps à abandonner le lait cru pour leurs camemberts (le lait est désormais «thermisé», c’est à dire chauffé à une température plus basse que celle des camemberts pasteurisés)
et ensuite à exiger de l’organisme qui gère les appellations contrôlées : l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) qui représente et rassemble les opérateurs de la filière du produit en AOC, lequel est l’interlocuteur de l’INAO, organisme officiel dépendant du ministère de l’Agriculture et qui contrôle et délivre par ailleurs les «Labels rouges» et «AB» (produits biologiques).
Tout cela bien entendu pour de simples questions de gros sous : la fabrication de fromage au lait cru demande plus de règles et de contrôles d’hygiène, quand bien même aurait-il été démontré que le lait cru contiendrait des enzymes ou autres substances qui auraient la propriété de tuer naturellement les germes.
Mais de la même manière que l’on ne mange pas sans s’être lavé les mains, on ne fabrique pas des produits alimentaires sans s’entourer de règles d’hygiène strictes. Il a par ailleurs été démontré que le lait thermisé ne mettait en rien les camemberts à l’abri de la listéria… Ainsi, Lepetit qui thermisait sans le dire - il y a plus d’une dizaine d’années - et dont les camemberts avaient provoqué une épidémie de listériose…
Or, les producteurs de camemberts au lait cru ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont défendu farouchement la spécificité de l’appellation. Il faut en effet savoir que l’AOC ne se limite pas seulement au terroir (je me souviens avoir vu dans mon enfance des camemberts produits un peu partout) mais inclut notamment les règles du processus de fabrication… dont le lait cru «moulé à la louche» même si cette étape n’est plus aujourd’hui manuelle.
La bataille a été rude et les coups bas de Lactalis n’ont pas manqué pour discréditer ses concurrents attachés au lait cru… Sa méthode de voyou consistant à faire analyser le produit décrié par ses laboratoires et y découvrir «miraculeusement» ! les germes de la listéria. J’en avais déjà parlé à plusieurs reprises et pendant mes vacances entendu sur France-Inter que Lactalis avait récidivé, au détriment de Graindorge.
Ces méthodes n’ont sans doute pas pesé pour rien dans le discrédit qui a frappé Lactalis (la meilleure preuve étant sans doute qu’Isigny a perdu moins de part de marché…).
Il reste que Lactalis et Isigny ne réintégreront que lentement le cadre de l’AOC. Notamment (Isigny ?) par le biais d’un camembert sous marque Leclerc. Ce qui veut dire que les autres camemberts resteront thermisés, du moins pour l’instant. Sans doute parce qu’il leur serait trop onéreux de transformer à nouveau le procès de fabrication.
J’avais en son temps comparé les prix des camemberts thermisés et des fromages au lait cru. Une différence de 10 à 20 centimes d’euros pour les camemberts Graindorge et Gillot vendus en grande surface, c’est sans doute moins vrai pour Jort et Moulin de Carel qui ne semblent vendus que chez les fromagers, et que je peux trouver également au Franprix de Montmorency à l’excellent rayon “fromage à la coupe”. Publicité gratos !
Bien sûr, ce n’est pas rien surtout si l’on se réfère aux francs : 0,65 centimes ou 1,30 francs. Mais je reste partisane de la bonne bouffe et, bien qu’ayant des revenus modestes, du «mieux vaut manger moins mais bon».
Epicurisme bien compris.