Un couple s'éprend d'une petite ville côtière catalane, en Espagne. Il y revient régulièrement, goûtant ses luminosités changeantes selon les saisons, ses havres de langueurs et de rêveries, ses incitations à dessiner, croquer ou peindre. Ce fut d'abord le logement dans une chambre d'hôtel, puis dans une pension, toujours la même avec la vue identique sur la mer et sur une île.
Le lecteur suit le récit de l'homme qui se souvient des jours, des heures passées à Cadaqués, village devenu petite ville, que l'on atteint après une épopée en train puis en car, serpentant le long de la côte et des flancs de la montagne aux senteurs méditéranéennes iodées. Un voyage initiatique, un rituel indispensable pour respirer le parfum unique de Cadaqués. Lors de la traversée d'un carnaval, Léa, sa compagne, a disparu mais a-t-elle vraiment disparu? Au fil du récit, l'écheveau est loin d'être simple à démêler....
"Cadaqués, aller simple" est impossible à résumer car grand est le risque de trop en dévoiler. La lecture est celle des souvenirs des sensations, des odeurs, des bruits, des musiques du village et de ses habitants; elle serpente entre "les chats alanguis sur les marches" et "le vent dans les branches du pin" à l'image d'un tortillard de la rêverie ou de la déambulation poétique de l'écriture. Même les déguisements du carnaval deviennent d'étranges figures oscillant entre le fantastique et le féérique: la réalité s'estompe devant l'imaginaire pictural de l'atmosphère particulière de Cadaqués.
"Cadaqués, aller simple" est aussi un monologue qui déroule les liens que tissent le couple avec Cadaqués mais aussi ceux lentement tissés avec leur intériorité, leur passé, leur être intime. Le narrateur dévide la pelote de leurs mémoires et construit peu à peu, en transparence, ce qu'a été leur vie.
Je n'ai pu rester insensible à l'écriture poétique de l'auteur et encore moins à ses références aux artistes du mouvement Surréaliste qui ont fréquenté cette partie de la côte catalane. Un très joli voyage où l'imaginaire est à chaque détour de phrase.
Ce roman a été lu dans le cadre du Cercle des Parfumés