Alors que la rentrée approche à grands pas, je ne peux m'empêcher de songer à de nouvelles lectures et je ressens l'envie de replonger un peu dans la littérature fin de siècle. C'est pourquoi, outre des oeuvres en programme que je ne citerai et ne lirai pas encore, j'entame Le jardin des supplices d'Octave Mirbeau ... Et sans savoir encore si j'écrirai sur Princesses d'ivoire et d'ivresse, recueil de contes de Jean Lorrain, je dépose ici un de ses sonnets sur la figure de Salomé, danseuse mythique et femme fatale que recréa le XIXème siècle ...
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Tout en tulle, légère et féroce, un grand peigne
Mordant ses crins d'or fauve et d'un air délicat
Du revers de sa main portant sur un grand plat
La tête de Pierrot, dont le front troué saigne,
Elle apparaît dans l'ombre au pied de l'Opéra
Très blanche ; et se tournant, dans sa jupe étoilée
De paillons, vers la tête horrible et mutilée,
Ébauche sur sa lèvre un rire scélérat.
La tête blême et veule avec ses larges plaies
A la tempe et ses yeux révulsés, dont deux taies
Sous les mornes regards, a pour nimbe un louis d'or.
Un louis ... et sous son fin maillot taché de boue
Et de sang, Salomé, fille et sœur de la Mort
Rit à l'humanité, que ce louis d'or bafoue.
Image : Henri Regnault - Salomé